Un nouveau Star Wars sans George Lucas est-il possible? D'aucuns argueraient que le triomphe de la première trilogie est le fruit d'une collaboration (entre Lucas, Gary Kurtz, Lawrence Kasdan et Irvin Kershner) et non la résultante du travail d'un seul homme. Et le temps semble l'avoir confirmé. En témoigne la réception controversée de la prélogie et des éditions DVD/Blu-Ray qui furent à l'initiative de Lucas seul. En revendant la franchise à Disney, qu'adviendrait-il d'elle? Puisque les fans avaient visiblement plus de respect pour l'œuvre que son propre auteur, quoi de mieux que de faire appel à eux pour relancer Star Wars?
Le studio a donc décidé de jouer la sécurité en confiant les rênes à l'un des leurs, J.J Abrams. Plus fort, il est secondé par Lawrence Kasdan (co-scénariste de L'Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi). John Williams revient pour la bande-originale. Puis évidemment, le retour aux affaires d'Harrison Ford, Carrie Fisher et Mark Hamill. Comme annonce, on ne pouvait pas faire plus alléchant. Revenir aux sources et proposer du neuf, voilà le double objectif ici.
Esthétiquement, Le Réveil de la Force se rapproche effectivement de la première trilogie. Moins de CGI, plus de soin dans les dialogues. Les nouvelles têtes ont donc la part belle, et globalement c'est réussi. Le personnage de Rey ne met pas longtemps pour s'imposer en héroïne et celui de Finn offre également d'intéressantes perspectives. Niveau interprétation, Daisy Ridley est une vraie révélation et John Boyega fait preuve d'une belle énergie. Ils trouvent rapidement leurs marques dans l'univers et je n'ai eu aucun mal à les suivre. Dans le camp des antagonistes, Adam Driver compose un Kylo-Ren plutôt convenable. Il apporte en humanité ce qu'il perd en charisme (on est très loin de Dark Vador ou encore Dark Maul). Mais on ne va pas se mentir, c'est aussi pour revoir les anciens qu'on paye le billet. Et sur ce terrain-là aussi le film marque des points. Harrison Ford retrouve avec panache Han Solo et ses scènes illuminent Le Réveil de la Force. Carrie Fisher ne bénéficie pas du même temps de présence, mais cela reste un plaisir de la retrouver.
Mission accomplie donc? Oui et non. L'ADN de la première trilogie est indéniablement présent. Mais il est autant la force que la faiblesse d'un volet conçu pour rassurer et non pour oser. On peut reprocher beaucoup de choses à la prélogie, mais pas celle d'avoir pris des risques. Et malheureusement, ce n'est pas le crédo du Réveil de la Force. Soyons sérieux: le film reprend énormément d'Un nouvel Espoir et c'est d'autant plus regrettable qu'on se situe presque 40 ans après. Les choses n'ont semble-t-il pas évolué d'un pouce et un manque flagrant de contextualisation est à déplorer. Changez les noms (Le Premier Ordre pour l'Empire, La Résistance pour la Rebellion,...) et vous obtenez à peu de chose près la même intrigue. Quelques variations peuvent apparaitre, mais elles sont trop maigres pour pallier à l'absence de surprise et certaines facilités. C'est assez décevant, surtout pour un film censé renouveler la saga. Il est aussi dommage que John Williams ne parvienne pas à livrer une partition aussi inspirée que celles des précédents volets. J.J Abrams remplit donc partiellement son pari: faire plaisir. Car il y a un vrai plaisir de spectateur à retrouver l'univers de Star Wars et de voir apparaître de nouveaux visages le peupler. Le respect de l'œuvre est indéniable, mais il aurait été judicieux de savoir aussi aller au delà.