Un bon hommage, un bon metteur en scène: mais un bon film ?

Premiers pas (mais aussi toujours derniers aujourd’hui en 2017) du grand cinéaste coréen dans les productions américaines qui contrairement à ces habitudes ne fait que réaliser le film sur un scénario (auquel il ne participe pas à l'écriture) de Wentworth Miller.
Park Chan Wook réalise néanmoins ici un film en tant qu'auteur et non pas simple exécutif. Produit par la filiale "auteur" de la Fox et sous la tutelle de de Ridley et Tony Scott, le film commence sa production avec un budget raisonnable mais cependant très confortable pour ce genre de film de 12 millions de dollars.
Cette découverte du cinéaste des productions occidentales semblent lui être très bénéfique. Tout en réussissant à conserver son style, cette terre de changement est aussi l'occasion pour lui de se réinventer en quelque sorte. Le film oscille entre une maîtrise parfaite des codes classiques de mises en scène Hichcokiens ainsi que de toutes sortes de petites trouvailles et d'essais (pas forcément toutes hyper concluantes) qui donne au film un aspect très frais lors de son visionnage. A l'instar de cette séquence introductive servant de générique ou le personnage principale parvient par ses mouvements à déplacer ou à faire tomber les noms et les mots du générique. Ou encore le fait que le générique se mette de lui même en pause dans un effet qui frotterait presque avec le mauvais goûts. Tout cela soulignant le caractère fantastique de l’héroïne (on y reviendra) et le fait que le film soit basé sur son point de vue et donc qu'elle puisse directement interagir sur la structure filmique du film (en l’accélérant, en le mettant en pause, ...ect : pouvoir qu'aura également Charlie dans une moindre mesure). Bref Park Chan Wook est tout sauf en pilotage automatique et c'est vraiment cette aspect tout "foufou" qui est selon moi la grande qualité du film.


Le scénario écrit par l'acteur principale de Prison Break est ici un hommage direct au film d'Hitchcock L'ombre d'un doute. Et plus généralement, le film se veut une réinterprétation moderne du mythe du vampire et du film fantastique. Si cette aspect d'hommage et réinterprétation est également un véritable atout pour le film, il en est néanmoins son plus gros défaut. Le film n'est jamais au delà de ça: oui le film est très bon hommage, mais à quel moment est-il lui même et à quel moment a t'il un propos qui lui est propre ?
Au lieu de développer son propre discours, le film ne fait qu'explorer en surface plusieurs thèmes (sexualité, fantastique, la transition vers l'age adulte, le mythe d'Oedipe ect) sans réellement aller au fond des choses. Si la tension sexuelle (figure principale du cinéma vampirique) est bien présente, elle est tout à fait incohérente dans son traitement: ainsi on passe en premier lieu d'une représentation métaphorique de la chose représenté par les personnages jouant ensemble du piano, à une forme tout à fait explicite dans une scène formidable de montage alterné sous une douche où le spectateur ne comprend d'ailleurs pas de suite ce qu'il ce passe grâce à un jeu de hors-champ. Mais si en effet les deux représentations prisent une par une sont intéressantes: le fait qu'elle soit toutes les deux dans le même film gâche absolument tout.
Aussi, certains sujet sont parfois traiter de façon si grotesque que l'impact en est fortement réduit: telle cette scène où Charlie offre des chaussures à talon à sa nièce pour montrer qu'à présent c'est devenue une véritable femme (voir même SA femme).


Il faut aussi souligné un travaille d'acting tout à fait convenable des acteurs. Autant si la magnificence de l'oncle semble plus être du fait de la mise en scène que du travail d'acteur, il faut souligner le rôle de la mère campé par une Nicole Kidman des plus adaptée (avec ce léger jeu très factice et limite surjouée qui montre au fur et à mesure l'aspect vide et limite cruche de son personnage).


Bref on aboutit à un film certes intéressant mais qui semble se limiter de lui même à sa condition d'hommage sans jamais vraiment dépasser cela et être tout simplement lui même.

Créée

le 10 juin 2017

Critique lue 260 fois

NathanVbx

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