Centré sur les premières années du groupe NTM, le film d'Audrey Estrougo est d'une banalité affligeante. On y suit la transformation de Didier Morville et Bruno Lopes en Joey Star et Kool Shen. Présenté comme fier représentant du 93 et plus largement des jeunes de banlieues. Nous 'en sommes jamais convaincu puisque la vie de banlieusards passe totalement à la trappe. On devine les intentions de la réalisatrice par les références aux violences policières (d'hier et d'aujourd'hui), au désespoir de la jeunesse. Malheureusement, ces intentions sont gâchées par l'absence de fond. On nous parle de violences policières, mais jamais on ne les montres. On nous parles du desespoir des jeunes, mais jamais on ne nous montres leur vie quotidienne. On ne voit pas Bruno poser des faux plafonds avec son père, on ne voit pas la dureté de la vie de sans abris de Didier. Le voir aurait pourtant permis de comprendre, d'entendre la colère et le désespoir qui règne dans les quartiers difficiles.
Au delà de l'échec du coté chronique sociétale, Suprêmes aurait pu se rattraper sur l'aspect biopic. Nous plonger dans l'intimité de l'un des plus grand groupe de la musique française. Malheureusement le film échoue aussi sur cet aspect. Il souffre d'un rythme répétitif : une superbe occasion offre l'occasion au groupe de passer un cap, Didier est sur le point de tout gâcher, Bruno sauve la situation. Le problème, c'est que tout cela est bien trop gentil pour qu'on y croit. Les concerts frôle toujours le désastre avant de se transformer en triomphe ( Joey Starr tiens a peine debout, vomit partout mais se transforme en bête de scène une fois rejoints par Kool Shen). Les conflits bien qu'extrêmement graves sont résolues sans excuses, sans paroles a chaque fois.
Et peut-être le plus grave pour un biopic musical, les scènes de concerts manques d'âme, on ressent aucune énergie, aucune excitation. C'est la première fois qu'en sortant d'un film sur un groupe, je n'ai pas la moindre envie d'en écouter la musique.