Ziad Kalthoum parvient à faire de la poésie avec de la guerre et du béton.
Par ce chef d’œuvre visuel, il présente le quotidien des travailleurs syriens au sein de cette prison urbaine.
Se joue en rythme une double symétrie pour exposer un paradoxe permanent. D’un côté, les travailleurs montent en haut de la ville au sommet des buildings qu’ils construisent avant de retourner passer la nuit dans ses sous-terrains, privés de droit de sortie. De l’autre côté, les travailleurs doivent venir fabriquer le ciment à Beyrouth pour fuir la destruction de celui de Syrie.
Coupé par de rares prises de parole perdues dans des enchaînements visuels très pesants, le film garde la poésie des personnes mises en avant. Le souvenir de la mer, de la peau des mains du père et de l’enfance semblent soulager et justifier.

L’œuvre accompagne le regard que l’on doit porter sur Beyrouth et sur la situation libanaise actuelle. Dans un pays où 80% de la population est sous le seuil de pauvreté et qu’un quart de la population vient de Syrie, la violence libérale, l’urbanisme prédateur et le racisme continuent à casser les corps, les droits et les villes au bénéfice d’une minorité.

MartinDiBufala
8
Écrit par

Créée

le 27 janv. 2023

Critique lue 19 fois

MartinDiBufala

Écrit par

Critique lue 19 fois

D'autres avis sur Taste of Cement

Taste of Cement
uprincipellu
7

C'est du béton armé.

Un regard singulier sur le conflit syrien fait de briques, de poussières, de sueurs, de larmes et de sang. Quand cessera cette vague incessante de béton qui fige les espoirs de paix et enlise une...

Par

le 15 janv. 2018

2 j'aime

Taste of Cement
Lynch_Stanley
6

Critique de Taste of Cement par Lynch_Stanley

La guerre au Liban est terminée, mais en Syrie elle fait encore rage. Des réfugiés ont fui à Beyrouth. En échange, ils construisent des gratte-ciels, tandis que leurs propres maisons sont bombardées...

le 9 juin 2023

Taste of Cement
MartinDiBufala
8

Béton, guerre et poésie

Ziad Kalthoum parvient à faire de la poésie avec de la guerre et du béton. Par ce chef d’œuvre visuel, il présente le quotidien des travailleurs syriens au sein de cette prison urbaine. Se joue en...

le 27 janv. 2023

Du même critique

Malcolm & Marie
MartinDiBufala
6

Coupe cette caméra

Beaux thèmes abordés de la relation humaine : le narcissisme, la domination d’égos, le confort de la souffrance, le capital symbolique, se rassurer de sa place dans l’Autre, etc. Néanmoins, Sam...

le 31 déc. 2021

1 j'aime

Mektoub, My Love : Canto uno
MartinDiBufala
6

Le vicieux sait ce qu’il fait

Ce gros vicieux sait filmer les corps, les regards, les tensions, la séduction. Beau portrait, le fumier sait te faire rentrer dans une scène. Par contre, on se rend compte que cet homme n’a jamais...

le 14 nov. 2021

1 j'aime