“Memento” se lisait à l’envers, “Inception” nous invitait au plus profond de notre subconscient, “Interstellar” offrait une dimension parallèle, tandis que “Dunkerque” se composait de plusieurs repères chronologiques. “Tenet” va encore plus loin. Christopher Nolan aime jouer avec le temps et son titre “Tenet” nous donne déjà de nombreuses pistes. Ce palindrome fait partie du carré magique Sator composé de quatre autres mots. Ensemble, les mots peuvent être lus de haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite et de droite à gauche.
Dans “Tenet”, une technologie du futur basée sur la radioactivité permet d’inverser le temps. A la suite d’une mission à l’Opéra (tiens encore un mot du carré Sator) de Kiev, un agent secret de la CIA sans nom, joué par John David Washington, est recruté par une organisation secrète dans le but d’empêcher la Troisième Guerre Mondiale provoquée par le méchant Sator. Il va collaborer avec Neil, joué par Robert Pattinson. Tous les deux vont découvrir le principe d’inversion, des balles inversées et des tourniquets permettant de faire ce dangereux voyage.
Dès le début, une scientifique demande au protagoniste, et au spectateur par la même occasion, de ne pas chercher à comprendre, mais de ressentir. Bien entendu, nous allons faire l’inverse et le réalisateur s’amuse à distiller de nombreuses fausses pistes et de vrais indices dans l’intrigue pour nous faire réfléchir si nous sommes dans le passé, le présent ou le futur.
Entre explosions, bagarres, destructions d’immeubles, courses poursuites en voiture. Christopher Nolan nous donne parfois l’impression d’être dans un film de Michael Bay. Le réalisateur aurait très bien pu nous offrir un drame avec le même principe, mais on a bien compris qu’en faire un film d’action était plus spectaculaire afin de toucher un public plus large. Aussi, ces nombreuses séquences à sensation, sont l’occasion de nous faire perdre le fil de notre réflexion, comme si la consigne du début revenait sans cesse.
Nous sommes un peu sceptique face à cette intrigue illusoire présentant des personnages aux profils creux. Mais comme à chaque fois, les films de Christopher Nolan méritent plusieurs lectures et finissent par s’apprécier dans le temps.