Opera. J’en attendais beaucoup vois-tu, car outre les bons avis que j’ai pu apercevoir ici ou là, c’est surtout le dernier film d’Argento qu’il me restait à découvrir (1), et après m’être fadé ses dernières merveilles -- allant jusqu’à tenter de supporter Emmanuelle Seigner pendant une heure trente, c’est te dire la motivation de la fille – l’avait pas intérêt à me decevoir sinon… Ben… J’aurais pu… bouder. En croisant les bras et en fronçant les sourcils.
I AM DANGEROUS. DANGEROUS. DANGEROUS. (2)
Donc j'ai vu Opera et j’ai déjà envie de le revoir. N’étant pas masochiste, c’est plutôt bon signe.
J’ai même dû provoquer des envies de meurtre à mon voisin en m’écoutant des passages de l’opera Macbeth de Verdi dont il est question dans le film. Les passages où la dame chante très fort, bien entendu. A cinq heures trente du matin. (3)
Opera est très représentatif du cinéma d’Argento que j’aime en fait : esthétique baroque à tomber (Suspiria), meurtres originaux et fréquents (Ténèbres), une héroïne attachante (Phenomena) et une BO terrible (insérer ici le film pré-1987 de votre choix).
Autant ne pas tortiller du fondement et annoncer de suite que j’ai été happée dès le début et quand ça m’arrive, le dit-fondement se pose sur ce qui peut me rester d’objectivité, d’où la note dithyrambique et les éloges qui vont avec. D'ailleurs Betty avec ces aiguilles qui l'empêchent de fermer les yeux et l'oblige à voir, impuissante, les violences commises par le tueur, c'est un peu nous, spectateur, yeux écarquillés. Les quelques trucs qui ne m’ont pas trop plu, je les laisse de côté et savoure pleinement ce qui risque d’être ma dernière bonne découverte de ce réalisateur que j’adore, adule, admire, dingue le nombre de mots en ad- qui collent parfaitement à mon sentiment.
J'aime bien râler un peu alors je vous dirais quand même que là où j’accroche un peu moins c’est quand Argento pèche en en faisant trop.
Comme la musique hard rock lors des scènes de meurtres, chose qui me plaît dans Phenomena, mais ici, avec ces airs d’opera omniprésent et la BO de Simonetti très chouette, ça dénote trop.
Comme lorsque l’on entend le cœur de l’héroïne qui bat, de plus en plus fort, et qu’à deux trois reprises il souligne bien le truc en nous montrant un cœur qui bat. On avait compris le truc, c'est inutile et pas très beau, en plus.
Mais passons. Y'a ces scènes superbes avec les corbeaux qui nous rappellent qu'Argento a le truc pour mettre en scène les animaux (chien dans Suspiria, rats dans Inferno, chimpanzé et insectes dans Phenomena...), j'aime beaucoup les corbeaux, sont cinégéniques les piafs.
Même le final qui, je te l'avoue bien volontiers, est franchement foutraque, voir raté, ben j'ai bien aimé moi. J'sais pas si c'est parce qu'il y a des p'tites fleurs ou qu'emballée comme j'étais, on m'aurait balancé un télétubbies bourré faisant le moonwalk que j'aurais trouvé cela super inspiré, mais le résultat est là, c'est passé crème comme on dit par ch'ais pas où.
C’est un film ambitieux et dans lequel ce réalisateur atypique s'investi totalement, ce qui ne lui arrive malheureusement quasiment plus.
Réconciliée avec lui je le suis, du moins jusqu’à son prochain film...
... Qui devrait être « The Sandman », avec Iggy Pop. Et autant je devrais trépigner d’envie rien qu’à la vue de ces deux noms réunis sur un même projet, autant j’ai comme l’impression que j’vais encore prendre un vieux coup de poignard dans mon p’tit cœur.
C’est que je suis quelqu’un de sensible t’as vu.
Et sinon je suis parfaitement au courant que je n’ai jamais mis l’accent aigu tout du long de cette critique sur le mot « opera » mais je trouve que c’est plus joli sans et comme c’est un mot italien, ça va (4).
Puis j’fais ce que je veux d’abord.
(1) Bon, ok : hormis « Cinq jours à Milan » mais d’un, ça m’a l’air bien à part dans sa filmo et, de deux, c’est introuvable ce truc, PERSONNE n’a vu « Cinq jours à Milan » ! Je me demande même si Argento se rappelle que c’est de lui, alors hein, bon, voilà quoi.
(2) Tu pensais que j’allais te balancer le lien hein, avoue ? T’sais que les trucs longs que t’as au bout des mains ne servent pas uniquement à te curer le pif au feu rouge lorsque tu penses que personne ne te voit. Alors tu vas dans la barre de recherche Youtube, tu tapes « i am dangerous » et tu verras, c’est magique, la chanson apparaît d'un coup d'un seul !
(3) Ouaip, je sais que le jour où je manquerai de sucre, je pourrais méchamment me brosser mais, entre nous : qui va vraiment réclamer du sucre à ses voisins ?
(4) Pirouette de la mort !