La tour infernale
Depuis Le Loup de Wall Street, le genre de l'économie au cinéma a pris un nouveau tournant. En effet, on assiste depuis peu à une mutation d'un public à la fois avide de divertissement et en même...
Par
le 31 déc. 2015
64 j'aime
8
Connu à la base pour ses comédies avec Will Ferrel, Adam McKay s'essaye à la comédie dramatique avec The Big Short : le Casse du siècle , adaptation du roman éponyme de Michael Lewis.
Le film raconte l'histoire ( vraie ) de quatre hommes en tout point différents qui vont anticiper l'explosion de la bulle financière et mettre au point le casse du siècle. La promotion du film nous vendait une sorte d'Ocean's Eleven en plus sérieux et que ma surprise a été grande lorsque à la fin de mon visionnage , j'ai vu à quel point ce n'était pas le cas et que le résultat final était à la fois brillant et grisant.
Au niveau de la réalisation , Adam McKay joue avec les codes et nous offre des moments de pure jouissance. Il joue avec les codes des documentaires et filme la majeure partie du film tel quel , en faisant délibérément exprès de filmer ainsi pour renforcer le réalisme et le semblant de réel. Il joue aussi énormément avec la musique et l'utilise pour créer des coupures dans le rythme ou des montages illustrant le monde et/ou le temps qui passe. Son passé dans la comédie l'a sans doute beaucoup inspiré pour le double registre du film : comique et dramatique ( ainsi que biographique ).
Tout au long du film , les personnages ( surtout Jared Vennett ) prisent le quatrième mur et s'adressent directement aux spectateurs et ceci le film au niveau comique car il se révèle très drôle au final ( les caméos de personnalités célèbres venant expliquer certains termes trop pointus sont tous parfaits en terme de réalisation/écriture/interprétation ). Cela provoque aussi un contraste avec la mise en scène "documentaire" mais implique encore plus le spectateur.
Le scénario réussit le tour de force de raconter des événements réels et de tourner en dérision le milieu de l'économie et ses personnages clés. Le film est très documenté et l'écriture détaille tout un milieu et ses dérives tout en prenant des fois l'allure d'une leçon : les personnages ( consciemment ou non ) expliquent régulièrement leurs idées et comment elles leurs sont venues ( certains font des maquettes ). Les caméos réguliers prolongent cette idée de vulgarisation de ce milieu. L'écriture des personnages est efficace et passe plus par des traits de caractère bien précis et un comportement bien distinct à la place d'une exposition qui aurait pu prendre plus de place.
Le casting est l'un des plus efficaces que j'ai vu de ma vie et se révèle être tout bonnement génial :
Christian Bale campe un marginal avec un oeil de verre ayant énormément de difficultés pour ressentir et lire les émotions des gens ; il survole le film tout du long et offre le personnage le plus fascinant du film
Steve Carrell campe un homme qui déteste la vie et tout ce qu'il voit et veut se venger de ce milieu qui lui a tout pris ; il jongle constamment entre diverses émotions et se révèle être très touchant au final
Ryan Gosling surnage durant la majeure partie du film avec ce rôle d'homme d'affaires beaucoup trop égoiste et sûr de lui : il incarne assurément le personnage le plus drôle du film
Brad Pitt se révèle être très discret ( l'acteur parmi les 4 le moins visible à l'écran ) et incarne un personnage très subtile et difficile à cerner au premier abord.
le reste du casting composé de Marisa Tomei , Karen Gillan , Rafe Spall , Byron Mann , Finn Wittrock , Hamish Linklater , John Magaro et Jeremy Strong pour ne citer qu'eux , se révèle être tout aussi qualitatif
Un film intelligent , réfléchi , parfaitement interprété et surtout conscient de lui et de ce qu'il raconte.
Il peut être très difficile ( voire impossible ) à comprendre en raison d'un vocabulaire complexe et d'un milieu sournois et complexe , mais l'expérience se révèle être unique et importante.
La vérité est comme la poésie. Tout le monde déteste la poésie.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Ryan Gosling, Les meilleurs films avec Margot Robbie, Les meilleurs films avec Christian Bale et Les meilleurs films avec Marisa Tomei
Créée
le 3 août 2017
Critique lue 155 fois
D'autres avis sur The Big Short - Le Casse du siècle
Depuis Le Loup de Wall Street, le genre de l'économie au cinéma a pris un nouveau tournant. En effet, on assiste depuis peu à une mutation d'un public à la fois avide de divertissement et en même...
Par
le 31 déc. 2015
64 j'aime
8
Henri, la crise financière de 2008, ça l'a déglingué. Au point de voter Front de Gauche (alors que c'était un Sarkozyste fervent) et de clôturer son Codévi auprès de la Société Générale qu'il...
le 23 déc. 2015
48 j'aime
16
En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...
le 16 déc. 2015
41 j'aime
Du même critique
Terreau de concepts toujours plus futiles et abrutissants , la télé - réalité ( qu'elle soit française ou non ) a depuis bien longtemps abandonné l'idée de proposer de réels concepts intéressants et...
Par
le 13 oct. 2019
6 j'aime
Junior est un court - métrage de 2011 réalisé par Julia Ducournau et qui pose les bases de ce que sera son chef d'oeuvre Grave. Justine , surnommée Junior , est une adolescente de 13 ans un brin...
Par
le 16 févr. 2018
6 j'aime
C'est au tour de Jon Watts de réaliser les nouvelles aventures de l'homme - araignée et de passer après la surestimée trilogie de Sam Raimi et le sous - estimé diptyque de Marc Webb. Marvel Studios...
Par
le 31 juil. 2017
6 j'aime
2