Quand j'ai entendu que Sandra Bullock avait décroché l'Oscar de la meilleure actrice, je ne sais pas pourquoi mais j'étais content, et ce sans même avoir vu son film. Content de voir que cette actrice que j'avais découvert dans Speed avait déjoué les lois d'Hollywood et avait fait une sorte de grand chelem sans qu'on s'y attende (à la fois première nomination et première récompense aux Oscars). Evidemment après cela, ma curiosité s'est éveillé par rapport au film The blind side, pas uniquement grâce aux prix de son actrice mais également quand j'ai vu sa carrière triomphale aux Etats-Unis (255 millions $ de recette... pour 29 millions $ de budget), j'ai eu envie de le voir mais petit à petit j'en ai oublié son existence. Et puis est arrivé Gravity, j'ai découvert une nouvelle Sandra Bullock et c'est ce qui m'a donné envie de me rediriger vers ce film.
Au vu du pitch, je m'attendais à du sentimentalisme à outrance et à une bonne morale catho, si au final nous ne sommes pas totalement loin de ce constat, forcé d'admettre que le film est allé plus loin et plus haut que je ne l'imaginais. Son principal mérite c'est qu'en deux heures montre en main, je ne me suis jamais ennuyé, il y a toujours des défauts ici et là mais en aucun cas ce ne sont des défauts qui ont heurtés ma vision du film, ils sont là mais pas dérangeants. Je me suis tout simplement laissé porter et je crois que c'est grâce à la manière dont le réalisateur John Lee Hancock nous place au plus près des personnages. Plus que jamais c'est le cœur d'un film, ce pourquoi on reste devant et ce pourquoi on trouve une certaine inspiration. Car je ne suis en aucun cas chrétien, la vision de la famille modèle américaine tout gentille, ça m'aurait totalement repoussé avant, mais là disons que ça m'a touché et le fait que ce soit une histoire vraie renforce certainement ce côté proche des personnages, ils ont existés et ont faits ce qui est décrit.
Oui le film est pro-catho, mais disons qu'on y apporte des nuances et surtout un message d'amitié et de lien social qui ne fait pas de mal de temps en temps. Pour moi, The blind side est un film sur la famille avant d'être un film religieux, et la famille et la protection des siens reste un concept universel auquel je crois et qui aura ici capté une corde sensible sans vraiment être niais. Point de grands violons, point de grandes scènes où tout le monde pleure, ça reste simple mais réaliste, voire normal j'ai envie de dire. On n'échappera pas à quelques clichés comme le coach qui gueule tout le temps, le clivage ville/banlieue... mais cela reste de l'ordre du détail au vu de ce que propose le film.
Autre grande thématique outre la famille; l'éducation. Un autre concept auquel je crois et qui reste bien traité au regard de tout ce qui s'imbrique en deux heures. Il n'y a que la vision de la famille parfaite qui m'aura un peu déçu, celle toute souriante, avec de l'argent à flot, des bonnes vieilles traditions... mais je préfère me dire que le réalisateur pose juste un regard au lieu de la prôner,
comme l'achat d'une voiture pour Michael qui aboutit à un accident qui aurait pu être fatal, l'argent n'apporte pas tout le temps le bonheur, c'est facile mais ça participe à la modération du film.
Ou encore la photo de famille de Noël où on sent comme une transgression volontaire avec la présence quasi envahissante de Michael au milieu de cette famille blanche.
Mais il faut que je sois franc, si je me suis intéressé pour ce film, c'est uniquement pour Sandra Bullock, pas sûr que je l'aurais regarder si cela avait été quelqu'un d'autre. Bref, objectivement l'actrice tient son plus beau rôle avec Gravity (si cela n'avait tenu qu'à moi, je lui aurais donné un Oscar pour Gravity et non pour celui-là, enfin bref), mais la marque des grandes actrices, c'est qu'elles savent faire exister un personnage. Ici, il est indéniable que Sandra Bullock apporte beaucoup à son personnage, à tel point que quand elle n'est pas là, on sent le film un peu démunit de son personnage-phare, celui qui agit comme un aimant et par lequel tout semble graviter. Une performance complète, indéniable dans le succès et l'intérêt du film, car il me semble évident que The blind side a attiré l'attention rien qu'avec la force d'attraction de son actrice principale et non avec son histoire qui vu de loin est tout ce qu'il y a de plus classique.
The blind side est un film très "américain" j'ai envie de dire, mais sans que ce soit péjoratif. Il y a une force et un magnétisme que je n'aurais pas vraiment soupçonné. Evidemment cela ne va pas plaire à tout le monde si on regarde juste passivement le film mais vu de chez moi il a suffisamment d'éléments probants pour remporter l'adhésion : son histoire bien mené et chaleureuse et l'énergie de son actrice principale qui plus que jamais prouve qu'à Hollywood on peut sortir des sentiers battus et des rôles cantonnés pour arriver à la consécration suprême. And the Oscar goes to... Sandra Bullock, une phrase qui a fait plaisir à entendre.