Les films sur l'Afrique, il faut admettre que c'est un style particulier, car il est rare de ne pouvoir en parler sans évoquer en parallèle le monde occidental. Là où Blood diamond impose un style nerveux dans un climat explosif, The constant gardener se veut beaucoup plus sobre, sans pour autant omettre une certaine tension. On sent le réalisateur impliqué puisqu'il promène sa caméra le plus souvent en point de vue subjectif, comme si le spectateur pouvait être acteur - et c'est un peu ce qu'il est au fond. Les puristes diront qu'on entre dans un éternel cliché des riches profiteurs, mais le sujet a le mérite d'être traité avec réalisme tout en amenant plusieurs interrogations. En soi, vu le discours sur la morale et l'éthique et ce contre quoi et qui les personnages luttent, le film ne pouvait prétendre à une conclusion heureuse, et c'est pour cela que je trouve ingénieux le fait de nous révéler la mort d'un des personnages dès le début. Qu'importe la fin, seule la manière dont on y arrive compte.
L'enquête mené par Justin est prenante - évidemment supporté par l'interprétation très juste de Ralph Fiennes, décidément un des meilleurs acteurs britannique toutes générations confondues. J'aime particulièrement le choix des lumières quand le réalisateur alterne les pays, d'un côté le Kenya, chaud, constamment peu rassurant, et de l'autre l'Angleterre, froide, comme si toute humanité en était absente. Saluons de très beaux plans et l'investissement de Rachel Weisz dans un rôle fort et ambiguë. The constant gardener représente bien ce pourquoi le cinéma mérite d'être préservé, pas besoin de s'appuyer sur une histoire vraie pour extérioriser des émotions et surtout montrer une réalité trop pesante pour nous. Un bon film.
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