Vraie naïveté et fausse subversion
Dans ce film divertissant et bancal, les occasions de cinéma sont sous-exploitées. Les interventions du groupe d'anarchistes militant pour un monde plus juste et plus écologique, tant dans leur préparation que leur exécution, donnent lieu à des scénarios intrigants et habiles et des séquences où la mise en scène parvient à relayer leur urgence et leur fébrilité. On déplore dès lors que le film s'alourdisse d'une intrigue qui, de plus, constitue la clef de voûte, l'infiltration du groupuscule nommé The East par une agent des réseaux d'information. De même, les rites naïfs et presque ridicules des militants (ce jeu puéril de la bande assise en cercle, l'examen d'entrée) et l'amourette prévisible entre l'infiltrée et un des membres du groupe nuisent beaucoup à la crédibilité et au rythme du film. A l'heure des gadgets et potentialités numériques, le film la joue vraiment modeste et artisanale. Une démarche de l'amateurisme qui se déploie jusque dans les pratiques alimentaires et chirurgicales. On peut aussi s'interroger sur l'origine des motivations des activistes liées à des traumatismes ou des expériences personnels comme si seul le choc faisait naître la conscience politique. C'est à la fois simpliste et réducteur et, dans la dernière partie, le repentir théâtralisé du patron d'une boite qui empoisonne l'eau frise vaguement le ridicule. Mais bon, on apprécie toujours de voir des jeunes gens (surtout quand ils ont les traits de Brit Marling par exemple) révoltés et idéalistes. Un bon moment estival, mais rien de plus.