On était prévenu par la bande annonce The French Dispatch serait une collection de courtes histoires rapportées dans le cadre d'un magazine à faible production, curiosité littéraire américaine coincée dans un petit village français des années 60.
Côté formel on retrouve tout le maniérisme et l'obsession visuelle généreuse de Wes Anderson. Le format lui permet même d'explorer différentes facettes de ces lubies et tout y est millimétré. L'écran regorge de détails et on a parfois envie de faire pause dans le film pour pouvoir observer tout ce qu'il s'y passe. C'est déjà la première limite du film pour moi qui en s'inspirant largement des bandes dessinées, d'un certain cinéma comique ou même de tableau est presque trop foisonnant.
Entre la complexité des décors, le premier et l’arrière-plan, les petites choses à voir par-ci par-là, les incrustations de texte, le ballet des personnages, leur phrasé très littéraire et leur débit de parole trop rapide, suivre le film est aussi fascinant qu’il ne devient fatiguant. L’émerveillement convoqué par Anderson est exigeant, étourdissant.
Côté fond le constat est finalement assez similaire. L'adjonction d'histoires courtes permet à Wes Anderson de développer plein de petits contes avec en toile de fond un Paris fantasmé, désuet et nonchalant. Mais ces récits sont inégaux, comme l’oubliable balade d’Owen Wilson. La révolution étudiante est au contraire si dense c'est qu'on a l'impression qu'elle a été forcée au chausse-pied dans une durée limitée. alors qu'elle avait le potentiel à elle toute seule pour être un film entier la voilà réduite au plus superficiel. Difficile alors de s'intéresser vraiment aux personnages. L'histoire la mieux développée, celle de la prison et de l'artiste, est paradoxalement celle qui contient le moins de personnages et le moins de dialogues ; celle qui enfin prends le temps de respirer
The French Disptach pourrait se résumer en un seul mot : hubris. À force de vouloir trop en dire où trop en montrer, Wes Anderson transforme son film en exercice de style, riches en idées visuelles et narratives mais sans unité de cohésion globale. Comme à son habitude il fait tourner tous ses amis mais dans le tourbillon d'histoires et de situations la majorité d'entre eux sont sous employés. Ce qui comme le reste m’a laissé sur ma faim.