L'habit ne fait pas le barman
En scrutant simplement l’affiche et le résumé de The Good Heart, on pouvait s’attendre à un sympathique petit film indépendant mêlant un peu de romantisme et de mélancolie à un univers aussi triste que convivial. Sauf qu’il n’en est rien. Même s’il s’appuie sur un bon casting mené par Paul Dano et Brian Cox mais aussi par la petite française Isild Le Besco, le réalisateur galère un peu à faire naître l’émotion et, dans le fond, n’a pas grand-chose à proposer d’original. C’est donc comme ça que se passe la rencontre entre deux êtres que tout oppose mais qui se voient réunis par les aléas de la vie. On peut le dire, le scénario est assez maigrichon. Dagur Kári donne parfois l’impression d’avoir seulement imaginé le début et la fin de son film et d’avoir meublé entre les deux et il faut admettre que ce n’est pas toujours très convaincant. Tout ça pour en arriver à la fin qui surprend le temps d’une seconde par sa brutalité et son absurdité… avant que l’on ne se rende compte qu’elle vient cacher une happy end un peu grossière. Ce film était-il donc un drame ou un feel-good movie ? La seule chose dont on pourra dire qu’elle est réussie, c’est le choix du titre au final. Le message du film est louable mais toute cette atmosphère lourde et parfois plombante, certainement pas arrangé par les couleurs et les tons sombres de la photographie, vient abîmer les bonnes intentions du cinéaste. C’est finalement pas très aimable comme film, plutôt pessimiste et c’est dommage je pense. Les pointes de cynisme et d’humour déposées ici et là se noient un peu dans ce qui s’apparente en fin de compte à une fable sombre. Le film aurait probablement gagné à être plus délicat et acidulé, moins enfermé dans son obscurité et sa misère. Étoffer un peu le rôle d’Isild Le Besco n’aurait certainement pas fait de mal non plus. Il reste bien heureusement les prestations du tandem Dano-Cox qui apporte quelque chose de sincère et parfois touchant au film. Pour le reste, on repassera. Filmer des marginaux n’est pas un talent donné à tout le monde.