On peut croire à une farce, dans un premier temps.
Non pas celle qui fâche, mais qui anime ces couloirs du temps.


« Autant d'acteurs-stars, pour si peu » se diront les insatiables mangeurs d'histoires rallongées. Ces voraces pour qui les films qui adaptent un personnage selon la vedette approchée ne les dérange aucunement.


Mais l'envergure de cette panoplie d'acteurs ne réside pas uniquement dans leur présence à proprement parler. Elle signifie l'incarnation même d'un monde perdu ; cet hôtel maquillé, presque en marge de la société.


Je vous mentirais si je vous disais qu'il y a dans l'histoire contée une profondeur, quelle qu'elle soit. La bouche, à demi-ouverte, et les yeux se délogeant de mon visage pour se coller à l'écran, je me suis senti véritablement envoûté.


La profondeur, disais-je, n'est pas toujours le fruit d'une histoire réussie. Elle peut paraître dérisoire quand elle ne plaît pas par sa forme purement technique. Je suis de ceux qui ne la trouvent pas indispensable quand elle n'est pas naturelle.


Quelques long-métrages qui ont fait l'objet d'un scénario volontairement gonflé, assénant une moralité toutes les « deux secondes », ne m'ont pas atteint. Parce que je ne trouvais sans doute pas le rythme à mon aise, parce que l'esthétique que je jugeais faiblarde ou insuffisante ne m'aidait pas à oublier des partis pris croissants... tout cela finalement ne résulte que d'une chose : la sensibilité artistique. Celle-ci peut se libérer de toute convenance et se laisser guider seulement par le goût de ce qu'on voit ou de ce qu'on entend. Elle peut se replier sur elle-même et se laisser envahir par une subjectivité dont les seuls domaines sont les émotions.


« The Grand Budapest Hotel » part donc conquérant en mon cœur, car l'oeuvre de Wes Anderson n'est pas qu'une succession de gags rimés et de plans fixes brisés par le travelling. Ce n'est pas un cadre aux limites frustrantes. Le film enfile différents habits, prônant ses références, faisant mine de ne pas abuser des héritages du septième art tels que le muet, et contextualisant son aventure par petits bouts : c'est une aventure en «poupées russes» que nous sophistique Anderson.


Et les pistes musicales sont délicieuses, vraiment. Des sucreries à l'écoute qui saupoudrent un merveilleux univers et parfument l'attraction mécanique d'un hôtel, et tout ce qui se déchaîne aux alentours et vers l'infini.


Westomaquant.

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le 2 mars 2014

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Eren

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