Wong Kar Wai ou le maître de la sensualité

Quel meilleur film de Wong Kar Wai que The Grandmaster pour le découvrir? Ce chef d'oeuvre regroupe tout ce qui fait le génie du maître: amour exalté sous couvert d'une profonde pudeur, corps filmés au ralenti comme pour en démontrer les moindres détails de leur sensualité, esthétique léchée sous tous les angles, musique travaillée et coordonnée à merveille pour décupler les émotions. Toute cette subtilité dans un film de kung-fu! La qualité du réalisateur hongkongais est là: ne jamais se départir de cette merveilleuse tendresse quel que soit le sujet abordé. Dans ce film qui retrace la vie de Yip Man, grand maître du kung-fu dont Bruce Lee sera plus tard l'illustre élève (pardonnez du peu), on peut suivre les débuts de l'enseignement du maître troublés par la période difficile que traverse la Chine, alors envahie par l'armée japonaise. Les thèmes récurrents abordés par Wong Kar Wai sont évoqués, à savoir l'amour, la difficulté de choisir, le passage du temps ou encore les obligations sociales mais ceci exempté des travers de jeunesse comme dans Les cendres du temps où le scénario trop symbolique et alambiqué avait tendance à perdre le spectateur. Ici, le script est au contraire parfaitement étudié et on ne voit guère passer les 130 minutes que dure le film; on en resterait presque un peu sur sa faim tant on savoure la virtuosité des plans de Wai qui suit les mouvements des corps lors des combats d'une telle manière que l'on s'y croirait presque. Comme toujours, les décors sont eux aussi particulièrement soignés afin de nous replonger au mieux dans cette Chine du milieu du siècle dernier. Un voyage spatio-temporel à ne pas manquer.