Tourné en 2012, puis présenté l'année suivante en festival, le nouveau méfait d'Eli Roth aura tout de même poireauté deux ans sur une étagère avant d'être exploité en 2015. Et encore, directement en VOD, ce genre de délire jusqu'auboutiste n'ayant clairement plus les faveurs de distributeurs préférant gaver le public de productions "horrifiques" formatées et finalement bien inoffensives.


Lettre d'amour à tout un sous-genre qui aura marqué les amateurs de chair sanguinolente dans les années 70-80, et aux trublions qui en étaient responsables tels que Ruggero Deodato, The Green Inferno reprend à la lettre les codes et les figures du genre, ne cherchant pas à le révolutionner mais bien à lui rendre hommage.


Le script est donc prévisible et bancal, s'articulant autour d'un schéma rabâché, que la mise en scène de Roth peine à transcender. S'il parvient par instant à camoufler un manque de budget évident, ayant à sa disposition des décors naturels absolument magnifiques, son film se montre visuellement passe-partout, ne proposant aucune recherche graphique.


Mais ce que perd The Green Inferno en originalité ou en style, il le gagne dans ses saillies gores, franchement dégueulasses et décomplexées (même s'il aurait pu aller encore plus loin), bénéficiant de superbes maquillages. Et surtout, le cinéaste trouve ici le parfait terrain de jeu pour continuer sa critique d'un capitalisme ravageur et d'une Amérique s'octroyant tous les droits.


Jeu de massacre vachard et un poil manichéen, mais aussi sacrément ironique, The Green Inferno tape bien entendu sur les toutes puissantes multinationales prêtes à tout pour engranger du pognon, quitte à massacrer toute une population, mais surtout sur les activistes du dimanche, sur les fils et filles à papa bien-pensants et moralisateurs (voire carrément manipulateurs), finalement plus soucieux du nombre de followers sur Twitter que de la cause qu'ils sont censés défendre.


Loin d'être aussi marquant que le diptyque Hostel qui a fait sa gloire, la faute principalement à un manque flagrant de subtilité et à une patine formelle pauvre, le nouveau film d'Eli Roth aurait cependant mérité les honneurs d'une sortie en salles, rien que pour le plaisir de retrouver sur écran géant une horreur à la fois crasspec, critique et, il faut bien se l'avouer, très drôle à certains moments.

Gand-Alf

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