Elle en pire
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Alors que Julia Ducourneau refilait du sang frais au cinéma de genre français avec Grave, Coralie Fargeat lui emboîtait le pas le temps d'un Revenge désinhibé et jusqu'au-boutiste. Aujourd'hui, il ressemble plus à un tour de chauffe face à l'électrochoc de Cannes 2024 The Substance. On y suit le destin d'une star sur le déclin qui se laisse séduire par la Substance, un produit promettant de lui offrir une seconde jeunesse...
Le pitch semble tout droit sorti d'un épisode de The Twillight Zone ou une réadaptation du Portrait de Dorian Gray, donc vous pouvez être sûr qu'il va y avoir un hic. Un gros hic. Bienvenue dans un monde où la satire va de pair avec le body-horror. Si on devine qu'Hollywood est le gibier, il faut voir à quelle sauce le bouffe Fargeat. La réalisatrice ne joue pas les timides, son style "dans la face" y va franco pratiquement de la première à la dernière minute. Grossier, outrancier, répugnant et carrément gore dans son invraisemblable dernier acte (on s'en souviendra). Éprouvant, sans nul doute. Mais pas gratuit.
Plutôt que de l'asséner à longueur de discours, la mise en scène adopte le regard de l'industrie du rêve sur les femmes. Si l'effet est au départ amusant, on devient presque nauséeux à voir ce petit manège tourner au freak show. Et de constater les effets secondaires sur Elizabeth (Demi Moore, exceptionnelle) qui fera les frais de cet insatiable désir de rester dans le coup. C'est d'ailleurs par elle, à travers ce duel obsessionnel avec puis contre son double, que The Substance fait le plus peur. Jusqu'à en devenir proprement monstrueux.
Et sur ce terrain, Fargeat en a des références. Si l'univers froid et certains décors évoquent Kubrick, la terreur organique doit beaucoup aux visions horrifiques de Cronenberg ou Carpenter. Mais le dégoût n'empêche en rien le rire (la touche de Verhoeven ?), et le voyage laisse une impression d'euphorie. Il faut dire que la distribution a de quoi s'éclater, en particulier Dennis Quaid totalement survolté. Le long-métrage confirme bien les trajectoires parallèles de Julia Ducourneau et Coralie Fargeat qui ont l'une et l'autre marqué l'histoire de Cannes avec leur deuxième film (Titane et celui-ci donc), et s'efforcent d'écarter les murs pour le cinéma de genre français. Qu'elles continuent.
Créée
le 1 nov. 2024
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