Je ne saurais pas par où commencer, tant il y a à dire sur ce film. Au départ, je n’étais pas très emballée. C’est très bien fait, mais je trouvais qu’il y avait trop d’effets, trop de références au film de genre en général : un film déjà vu, un décor très proche de celui de Kubrick, ou de Lynch, avec la caméra de Gaspard Noé et des effets VFX gores à la Cronenberg. Mais bon dieu, plus le film avançait, plus je me suis prêtée au jeu. Car oui, il faut le dire, jamais je n’aurais imaginé que la réalisatrice et scénariste française, Coralie Fargeat, puisse nous amener aussi loin. C’est d’ailleurs ce qui m’a fait comprendre pourquoi elle avait reçu le prix du scénario au festival de Cannes.

Au départ, je me disais que c’était encore une fois de plus un geste machiste des jurys de Cannes de ne pas avoir eu l’audace de remettre le prix de la mise en scène à une femme. Car il faut l’avouer, ça reste un film de genre, donc de mise en scène ! Mais plus le film avançait, plus j’ai compris ce choix. D’habitude, dans les films de genre justement, il y a un ventre mou au niveau de l’histoire qui n’arrive pas souvent à maintenir la tension, choisissant la facilité de jouer sur des motifs d’horreur pure. Ici, ce n’est pas le cas. Pendant 2h20, le film devient de plus en plus fou, et c’est absolument génial. C’est énorme, dans la forme (à l’américaine), faut pas se mentir, et je pense qu'elle n’aurait jamais pu se permettre ça en France, mais chaque élément garde sa cohérence avec le tout, rien n’est gratuit. Tout est finement relié à cet effet de loupe que prend le film au bout d’un moment, et ça crée un effet de tourbillon où tout est recraché en pleine figure du spectateur, avec panache et classe (à la française).

C’est un véritable film monstre, sur les monstres. Tout repose sur une bulle de fantasme. On a l’impression d’être nichés dans un coin du cerveau de la réalisatrice, qu’elle nous décortique sous tous ces points de vue. Et ça se ressent : il n’y a pas trente-six mille décors, c’est presque toujours les mêmes trajectoires de plans qui tournent en boucle et qui deviennent, à chaque fois qu’on y retourne, plus horrifiques et cauchemardesques. Et c’est tellement bien fait que ça ne crée pas seulement de la terreur, mais aussi de la dérision et du rire ! Dans la salle, les gens étaient, bien sûr, hyper mal à l’aise, car il faut le dire, c’est MÉGA gore ! Mais il y avait aussi tellement de distance, qui vient sûrement de sa maturité en tant que cinéaste, que ça en devenait drôle. Et c’est tellement rare les films d’horreur qui te permettent de rire pour évacuer l’angoisse. Il y en a vraiment très peu…

Oui, car cela, j’en suis certaine, c’est grâce au fait qu’elle utilise le genre non pas pour travailler des fantasmes morbides d’adolescente pré-pubère, mais pour cibler l’étrange et ce qui dérange au bon endroit, en pensant constamment à la réception de ses spectateurs. Merci, Coralie Fargeat, pour cette expérience de cinéma !

LoloPalmer
8
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le 2 nov. 2024

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LoloPalmer

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