Elle en pire
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De deux choses l'une : ravi parce-que retrouver Demi Moore sur grand écran dans un premier rôle marquant est toujours un immense plaisir et dégouté car je n'étais clairement pas préparé au film, malgré tout ce dont j'avais pu en entendre. Effectivement, comme pour la plupart des promos de film qui a fait "scandale" à Cannes (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ici, nous sommes plus dans la première), c'est en général assez exagéré. Et finalement, en sortant du film, je peux attester que, non, ce n'était cette fois-ci pas du tout exagéré !
Elizabeth, actrice mais surtout star d'aérobic à la télévision, est virée car elle est jugée trop vieille. Tandis que l'équipe cherche une nouvelle jeune femme, Elizabeth teste un nouveau produit permettant de la "diviser" en deux, sa deuxième moitié étant une meilleure version d'elle-même.
Le film aborde donc ici le tunnel de la cinquantaine pour les actrices qui est toujours difficile à passer, les rôles changent ou se font plus rares ; surtout pour les femmes ayant été des sexe-symboles par le passé.
Le film n’innove alors pas vraiment puisque le sujet a déjà été abordé maintes et maintes et a même un genre attitré : la hagsploitation née dans les années 60 avec comme première représentation Joan Crawford et Bette Davis, deux immenses stars du classic Hollywood devant réinventer leur image passées un certain âge. Nous sommes donc ici dans le même cas de figure et le fait de prendre Demi Moore dans le rôle principal est d'ailleurs particulièrement intéressant puisqu'elle a également vécu cette mise au placard à partir des années 2000, s'étant même fait critiquée pour porter un bikini a à peine quarante ans passés dans "Charlie's Angels", après un prime dans les années 90 et en particulier physiquement dans "Proposition Indécente", "Harcèlement" mais surtout "Striptease".
C'est une très longue introduction mais nécessaire pour bien comprendre tous les enjeux du film. Car ce dernier est évidemment une critique virulente de la mise en scène de la plastique des femmes sur grand et petit écran. De la manière dont elles sont traitées comme des produits (le plan répétitif du mannequin puis de Sue est particulièrement éloquent) par des hommes lubriques avides de pouvoir. Le dégoût se trouve d'ailleurs tout autant dans le côté gore du film que dans la manière dont sont montrés ces corps. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la réalisatrice adopte bien souvent un style très publicitaire, très flashy avec une mise en scène qui n'efface pas la caméra : la femme n'est plus un corps mais un tableau, une image figée sculptée pour le regard masculin, qui finit par mettre très mal à l'aise. Ce pourquoi d'ailleurs la présence de tableaux est omniprésente, en plus de faire directement référence au "Portrait de Dorian Gray".
Mais plus on avance dans le film, plus on se dirige vers le body horror avec ces femmes qui laissent, malgré elles, leur corporalité reprendre le dessus sur leur plastique, nous rappelant qu'une femme est avant tout un être humain constitué de chair, de sang et de tout autres fluides biologiques qui peuvent être tout aussi beaux que laids (car il y a également une certaine esthétisation de ces corps devenant laids, en tout cas aux yeux de la société). Et puis le film n'est pas que gore, il est également particulièrement malsain, à la fois dans ses images mais également dans son propos d'un cynisme déconcertant.
Il y aurait encore énormément de choses à dire tant "The Substance" est riche, notamment sur tout le travail de mise en scène de Coralie Fargeat qui est extraordinaire, mais c'est en tout cas un film à voir plusieurs fois, si vous en avez bien-sûr le courage !
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Créée
le 7 nov. 2024
Critique lue 15 fois
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