Le premier qui tire

Quelques années avant "The deer hunter", il y a eu "Shoot". Un film un peu fou qui traite de la guerre (du Vietnam) mais aussi de la solitude de l'homme.

J'ai beaucoup apprécié les personnages, la manière dont ils rationnalisent leurs pulsions. C'est assez bien foutu et étonnant aussi dans la structure, puisqu'une grande partie du film consiste à voir les personnages se monter la tête, se convaincre qu'ils DOIVENT se battre. Je pensais qu'il y aurait plus d'action, en fait, et c'est pas plus mal de ne pas avoir eu ce que je pensais (encore qu'un survival avec que des chasseurs vétérans ça aurait pu être cool). Le lien avec la femme et le sexe est aussi intéressant. Il suffit de regarder le début, où notre héros nettoie son fusil comme s'il se masturbait, pour comprendre que le rapport aux femmes sera particulier : toutes rejetées, toutes en chaleur et peut-être bien aucune en qui on puisse avoir confiance. Évidemment, il ne faut pas croire que l'auteur soit misogyne, cela sert surtout le propos au niveau de cet homme qui transfert sa passion charnelle sur le fusil, la mort, le sang.

La mise en scène est assez simple, typique de l'époque, avec un bon gros grain. Le film présente quelques très belles lumières (une conversation en contre-jour quelques plans dans les bois, surtout sur la fin, avec cette neige), quelques belles compo, mais clairement, le souci esthétique est secondaire. Ce qui compte c'est de raconter cette histoire. Les rares moments de violences sont très intenses, le montage réussit à nous restituer un moment chaotique, un moment de pure barbarie. Enfin, les acteurs sont très bons. L'on retiendra surtout ce bon vieux Borgnine qui campe le personnage le plus complexe du film, mais Cliff Robertson s'en sort très bien aussi, tout comme tous les autres acteurs.

Bref, un film assez particulier, simple, mais diablement efficace. J'ai bien aimé "The deer hunter", mais je l'ai trouvé trop inutilement long et parfois même un peu trop prétentieux, là où la sobriété de "Shoot" fait mouche sans jamais tomber dans l'excès.