Christine, jolie veuve de 35 ans, se remémore ses anciens soupirants inscrits dans son carnet de bal de jadis. Elle éprouve le besoin de les revoir un par un comme pour raviver les jeunes années. Mais le temps passé est impitoyable.
Le film de Julien Duvivier, sur des dialogues parfois brillants de Jeanson, est globalement pessimiste. On ne s'en étonnera pas de la part du cinéaste. La mélancolie, le cynisme, l'échec (et jusqu'à l'embonpoint...) caractérisent des hommes qui ne sont plus ceux qu'a connus Christine (Marie Bell) et qui désillusionnent, désenchantent la jeune femme.
Ce film à sketches, inégal comme souvent, n'a d'unité que dans l'amertume et dans le constat que la disgrâce a succédé à la jeunesse. Duvivier a convoqué les "monstres" du cinéma français de l'époque. Louis Jouvet,
en patron de cabaret proxénète,
cynique et lucide, impose son magnétisme; Raimu, dans un rôle façonné pour lui, donne dans la truculence méridionale; tandis qu'Harry Baur,
en homme brisé et réfugié dans les ordres,
trouve un emploi assez conventionnel. C'est davantage dans les numéros d'acteurs que dans ses idées ou son inventivité scénaristiques qu'on trouve en définitive le meilleur du film.