Ce film ne contient pas une mais deux histoires vraies. D’une part une histoire d’espionnage pendant la guerre froide, qui bien qu’elle soit rocambolesque ne l’est pas plus que la majorité des histoires d’espionnages adaptées en fiction. En soi une histoire incroyable n’est pas forcément hors du commun et à force de jouer sur la corde « tirés de faits réels » on use la musique — ici à grands renforts de trémolos. Et d’autre part, c’est l’histoire d’un acteur-producteur en vogue, qui impressionnée par la vie de Greville Wynne, pousse son adaptation en se mettant au maximum en avant, là à grands renforts d’émotions diverses et variées.


Un espion ordinaire est donc d’une grande banalité. La couleur gris terne qui fait « URSS », les cadrages classiques, l’abus de violon… tous les codes du film d’espionnage sont là, sans chercher à se démarquer. Là où la période aurait pu prêter à une guerre psychologique et à tant de péripéties, on dira que les Russes sont méchants et que les Américains et les Britanniques sont gentils.


Le personnage d’Emily Donovan est assez affligeant. D’abord présentée comme une agente d’élite, elle succombe au si « féminin care » (oui je grince très fort des dents), au mépris de tout sens commun. A son niveau de la CIA, on ne s’embarrasse pas de bons sentiments, ce qui enlève toute crédibilité au personnage et au film.


Mais en fait, ce manichéisme et cette simplification à outrance, c’est pour éviter que le film fasse de l’ombre à son vrai sujet : la performance de Cumberbatch. Et pourtant j’adore cet acteur. Mais ici, on ne voit que lui, seul à posséder une vraie psychologie, seul à avoir l’espace d’exprimer ses peurs, joies et sentiments, il s’impose et écrase tout. Ainsi on parlera peu du personnage d’Oleg Penkovsky, qui pourtant serait tout aussi intéressant (comment décide-t-on de trahir son pays ?), toujours relégué en arrière-plan avec autant d’émotion qu’une carpe. Le film est déséquilibré et ce manque d’intérêt pour ses autres protagonistes finit par achever une intrigue déjà si convenue.

AlicePerron1
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le 16 juil. 2021

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Alice Perron

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