Je me risque à dire que ce film est un documentaire (?), même si la réunion réunissant des étudiants et des ouvriers est sans doute organisée par Godard et que par conséquent ce qui est dit n'est pas écrit et est réellement pensé par les "acteurs" du film.


Et c'est un film très intéressant. Alors comme pour tous les Godard, je le dis à chaque fois, je ne le fais jamais, je devrais prendre des notes, toutes les pensées, les réflexions, ça fuse et forcément je sors de là, il y a eu surcharge cognitive, c'est impossible de tout se souvenir, de tout assimiler en un seul visionnage. C'est l'un des dispositifs les plus rudimentaire chez Godard, cinq personnes assises dans l'herbe, cachées par des feuilles (pour éviter des représailles ?) qui discutent de la France après Mai 68 et de comment faire la révolution, de la différence entre étudiant et ouvrier, etc. On entend quelques fois Godard poser une question assez précise, mais sinon ses interventions sont assez minimes, sans doute pour laisser la parole aux étudiants et ouvriers.


Il veut tellement leur laisser la parole que lorsqu'il met une voix off par dessus, il ne coupe pas la voix des "acteurs" assis dans l'herbe. C'est à ce moment que j'ai compris que ce qu'il avait fait pour les yeux dans Adieu au langage, c'est à dire, choisir ce qu'on regarde en fermant un oeil puis un autre, il l'avait en fait déjà fait avec le son. On peut choisir d'écouter soit la voix off, soit les dialogues étudiants en se concentrant sur l'un ou sur l'autre (je sens que certains risquent de détester, mais j'adore le procédé).


Ce qui est intéressant c'est de laisser la parole à ces gens, de les laisser débattre, ne pas être d'accord, ne pas forcément conclure en disant ça c'est bien, ça c'est mal... et se rendre compte que même avec un idéal commun, ben les méthodes diffèrent et les raisonnements aussi et qu'ils ne sont pas d'accord.


Certaines interventions sont assez risibles, notamment une fille qui dit qu'il ne faut plus produire de voitures, mais des bus, je trouve ça bien, et elle dit "comme ça quand je vais travaill... euh à la fac... à 9h..." ajoutant un peu après "je parle de Paris" tout est dit... ce qu'on ne manque pas de lui faire remarquer en face.


Et puis faut dire que ça me rappelle moi dans ma jeunesse.


Après j'avoue que j'ai eu un peu peur au début du film lorsque ça parle de Trotski face à Staline, parce que s'il y a bien un changement que j'ai opéré depuis le lycée, c'est plutôt Staline que Trotski ! Mais en fait c'est pas le sujet du film.


Bref j'aime ce film qui ne donne pas les solutions, qui porte à réfléchir, rien que ça... et ça c'est rare. J'avais envie de participer de dire "oui je suis d'accord" ou au contraire "non mais ça c'est des conneries".
C'est d'autant plus intéressant de le voir de nos jours pour se rendre compte que par moments ils ont été très lucides, sur le chômage qui ne se résorbera pas... mais aussi très utopistes dans leurs volontés de changer le monde. Dans les idées intéressantes développées on a quelqu'un qui dit qu'il y a des bons films et des mauvais films, pourquoi la télé ne montrerait pas que des bons films (bon ça pose la question de qui décide), pour éviter que les gens aillent s'abrutir. Ce pour quoi je suis à 100% d'accord.


Mais on sent que tout ça est très utopiste et que ça ne peut pas aboutir, même pour ceux qui parlent de l'usage de la violence, car ils sont 5 dans un champ...

Moizi
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le 3 janv. 2016

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Moizi

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