Tom Tywker nous avait habitué à vivre à 100 à l'heure. Ca ne sera pas le cas avec ce très beau film, contemplatif mais avec un fort contenu si on adhère.
L'anachronisme et la dissonance du titre donnent le ton et vont trouver écho dans les multiples facettes du film.
Le commercial Alan Clay, interprété par Tom Hanks, au bord de la rupture émotionnelle et professionnelle, se rend en Arabie Saoudite pour vendre un système de visio-conférence holographique.
L'évolution de la mondialisation économique est le premier thème abordé. Nous sommes passés d'une économie domestique, défendu par son père, à une économie mondiale pour laquel Alan a participé en sous traitant la fabrication de vélos aux chinois. Les conséquences peuvent être désastreuses sur plusieurs points mais elles sont pragmatiques et répondent à une certaines logiques entendables (même si on y adhère pas).
Désormais, on arrive à un point où elle devient presque illogique, on ne la comprend même plus.
Alan est bien décidé à revêtir son rôle de commercial à succès (je trouve d'ailleurs la prestation de Tom Hanks remarquable, je pense que l'exercice n'était pas si aisé que ça de passer d'un homme désabusé à un commercial convaincant en restant crédible) mais il va se confronter à l'absence du roi et aux techniques de diversion bien rodées des employés. J'ai trouvé l'ensemble très juste, le réalisme rend la chose très comique.
Il va alors finir par comprendre qu'il n'a pas d'autres choix que de céder et attendre. Il va alors s'employer à rendre la vie de ses collaborateurs plus confortables.
Ça fait écho, encore une fois, à une certaine réalité industrielle, où notre état de petit rouage dans un immense système nous fait oublier les objectifs pragmatiques et nous nous concentrons sur de petits objectifs dont nous doutons de la réelle utilité.
La seule chose qu'on comprend dans ce nouveau monde, c'est qu'elle n'est que de façade. L'hologramme pour donner une image high tech', des bâtiments fastueux vides mais pour lesquels on donne l'illusion qu'ils sont occupés. On ment allègrement mais avec le sourire.
Tout ça s'opposent ou s'accordent aux magnifiques paysages arides que nous offrent le film.
Il fait également la rencontre d'expatriés qui ont décidé de profiter de la vie de manière festive plutôt que d'essayer de comprendre le milieu professionnel dans lequel il se trouve.
Ce monde ne lui sied pas non plus.
Le choc culturel (ou pas) est traité de façon très juste et avec un brin d'humour sympathique à l'image du chauffeur d'Alan.
Le film part alors sur une belle histoire d'amour (une surprise pour moi), avec encore une fois, des antagonismes, des faux antagonismes et un certain universalisme.
Je trouve que ces thématiques ont été entre-mêlées de façon très juste avec des continuités et des ruptures dans le temps, dans l'espace, dans les sentiments, dans les cultures (d'individu ou d'entreprise).
Le rythme est également très juste et permet de bien appréhender ce monde et l'état d'esprit du personnage.
Les petites séquences sur les relations entre le héros et les personnages locaux sont très sympathiques et pimentent le film.
La bande son est modeste mais très juste également.
Le film n'en fait pas des caisses et ça lui réussit bien.
Très beau film.