Jeune écrivain ayant rencontré un immense succès après avoir usurpé l'identité d'un vétéran de la guerre d'Algérie en publiant le journal intime de ce dernier, Mathieu (Pierre Niney) a mené bon train durant trois ans grâce au succès de son premier roman et des espoirs qui reposent sur ses futurs écrits. Criblé de dettes et au pied du mur car n'ayant toujours pas écrit la moindre ligne de son "second" effort, il va en plus être confronté à un maître chanteur au courant de son usurpation, situation délicate de laquelle il va tenter de sortir, s'emmurant de plus en plus dans des mensonges de plus en plus graves...
Yann Gozlan signe ici un thriller classique mais très bien exécuté et servi par des acteurs de talent. On suivra avec souffrance le parcours de ce jeune aux dents longues, asservi par son ego et sa volonté de sauver les apparences qui lui inspireront invariablement les pires options possibles parmi lesquelles il peut choisir.
Si les émotions distillées lors du visionnage sont tout sauf agréables, c'est bien parce que l'efficacité est au rendez-vous. Le scénario, même s'il a ses faiblesses et pêche régulièrement par manque de crédibilité nous emporte sur un rythme irrégulier alternant crescendos et accalmies, le tout magnifiquement servi par le jeu possédé de Pierre Niney ainsi que par une mise en scène intelligent et immersive où passages rapides caméra à l'épaule, plans de face du protagoniste et jeux sur la mise au point se succèdent et tranchent avec des séquences plus longues lors desquelles le spectateur immergé implorera un cut pour connaître de suite les conséquences de la péripétie à laquelle il assiste.
Une réussite, donc. À voir en se laissant immerger et ainsi ne même pas s'apercevoir sur le fait des quelques incohérences du scénario.