Dans les années 2010, le producteur Thomas Langmann décide de produire un remake d'un film de son père Claude Berri : "Un moment d'égarement", chef-d'oeuvre de 1977 (que je n'ai d'ailleurs pas visionné. Et comme ça peut être plutôt intéressant d'avoir un point de vue comparatif à 30 ans de décalage, on peut toujours toujours jeté un oeil à cet article que je trouvais pas mal)
Deux potes et leur fille respective partent en vacances en Corse : l'un, Antoine (François Cluzet), pour prendre du recul sur ses problèmes avec sa femme; l'autre, Laurent (Vincent Cassel), pour soutenir le dit copain. Seulement voilà, tout bascule lorsque Louna (Lola le Mann) tombe amoureuse du meilleur ami de papa.
"Un moment d'égarement" commence sur les chapeaux de roue : la découverte de la maison de famille d'Antoine, les premières disputes père-fille, les premiers regards échangés entre Louna et Laurent. On s'amuse du comique du film qui naît de la confrontation entre quatre personnages au caractère complètement opposé. On passe un bon moment à être complice du décalage entre les deux générations, avec une mention toute particulière à François Cluzet que j'ai trouvé particulièrement bon.
On regrette cependant la conception de personnages beaucoup trop archétypes : le papa "cool" qui entretient une relation amicale avec sa fille (quitte à l'accompagner en soirée) et le papa sévère qui considère encore sa petite princesse comme un bébé; la fille extravertie et fêtarde qui se révèle sensible et la fille frustrée pendant toute son enfance qui se dévergonde subitement. A vrai dire, j'ai été particulièrement déçue du casting choisi pour le rôle de Louna, personnage qui selon moi aurait dû respirer la sensualité et l'amour passionné qu'on réserve à l'adolescence. La jeunesse, Lola le Lann l'incarne, mais c'est une image bien désespérante de notre jeunesse.
La seconde déception de la production de Thomas Langmann est pour moi le traitement de la relation entre Laurent et Louna. Un seul "moment d'égarement" précède 1h30 à essayer d'oublier cet instant, de le regretter, de le cacher. Non mesdames, le sex-appeal de Vincent Cassel est loin d'être suffisant. Au lieu d'être dangereusement excité, le spectateur laisse échapper de petits rires gênés chaque fois que les deux personnages se rapprochent. Ca manque pour moi d'un zeste d'aventure, ça s'enlise.
Plutôt négative cette critique, pourquoi une note au-dessus de la moyenne, me direz-vous? Parce que, malgré tout, on passe un bon moment, particulièrement au début du film lorsqu'on assiste à la transformation de la relation entre Laurent et Louna. Mais, comme dit le dicton bien célèbre de moi-même : "Mieux vaut un moment d'égarement plutôt que deux".