Voilà un film qui débute avec panache, et sait vous garder en haleine tout du long.
Le tout premier plan est saisissant à de nombreux points de vue. Il nous fait entrer dans une tonalité, dans une émotion, dans Un Monde. Plus rien d’autre n’existe que cette vie à hauteur d’enfants, et la caméra l’embrasse avec une proximité déconcertante.
Dans cet univers scolaire où les enjeux dramatiques ont une tout autre ampleur, Laura Wandel livre un huis clos d’une cruauté rare, que vient sublimer l'impressionnant talent de la très jeune Maya Vanderbeque.
Leçon de morale ou expérience d’émotion pure ? Le film de Laura Wandel répond à un double enjeu. On y suit Nora, et uniquement Nora, dans une logique d’hyper proximité avec la caméra et d’arrière plan flou. Chaque expression de son visage, chaque tressaillement de son regard nous est perceptible. De fait, on est liés à ce personnage, à cet enfant, dont les émotions nous submergent et nous transportent. Le monde des adultes semble loin, et on refuse de faire le point dessus.
On ne peut pas échapper à l’émotion dans ce film. Tout est trop proche, trop fragile, trop ingénu. C’est là sa plus grande force.
Quant au sujet même du film, le harcèlement scolaire, on pourra dire que son traitement est stéréotypé. Le film prend des gros sabots pour illustrer de manière crue ce que les enfants peuvent s'infliger de pire les uns aux autres.
Toutefois, cela m’a semblé un mal nécessaire. Le caractère excessif que prend la violence ne m’a pas dérangé. Déjà, parce qu’il me semble que certains cas de harcèlement peuvent être aussi violents que le film le prétend. Ensuite et surtout, parce que c’est un bien pour le film. Cela nous rapproche de l’idée que tout y est cru, montré sans filtre et le spectateur est à fleur de peau.
En moins d’une heure et demie, la caméra de Laura Wandel vous aura fait vivre une expérience cinématographique riche en émotion à la mise en scène très prononcée. C’est le genre de film rare dont on se souvient longtemps après l’avoir vu, autant dans l’esprit que dans le corps.