Un p’tit truc en plus se saisit intelligemment de la comédie et du jeu de masques pour représenter la trisomie, l’autisme et la déficience mentale : Marc tente de séduire Alice par des courbettes ridicules, celle-ci ment à son petit-ami en lui assurant, jour après jour, qu’elle annoncera demain son départ du centre pour les États-Unis, Sylvain se déguise en handicapé, prenant des cours de théâtre auprès d’un trisomique, Orpi enfin revêt la fonction d’éducateur spécialisé. Tous les accompagnateurs – ainsi que les deux braqueurs – cachent la vérité, leur vérité, et souffrent d’une situation qui les empêche d’être là pleinement, en témoignent les déplacements incessants vers la table de jardin située entre deux arbres, espace de liaison avec l’extérieur par le réseau téléphonique qu’il offre. Face à eux se crie la vérité vulgaire d’un vivre-ensemble passant par-dessus les apparences, où simplicité rime avec convivialité. Autrement dit, les marginaux forment un centre, défini par un lieu délimité mais ouvert (le foyer associatif, la maison de vacances) qui attire à lui une normalité révélée dans ses paradoxes et dans ses égarements moraux ; si bien que les handicapés ont ce « p’tit truc en plus », ce degré supérieur d’humanité et d’authenticité qui ralliera les êtres nommés « responsables » mais en vérité perdus. Artus refuse toute approche clinique ou sociale pour préférer la pause estivale, la tranche de vie.
Cette pertinence de propos et de ton, qui prouve que le genre comique est pensé, peine néanmoins à gagner l’écran autrement que par l’incarnation des personnages par leur acteur respectif : Artus ne dispose ici d’aucune compétence, d’aucune vision relatives à la mise en scène, et n’aborde la réalisation qu’en qualité de directeur de comédiens, qu’ils soient professionnels ou non. Ses plans, ses scènes, son montage sont insignifiants, fidèles au tout-venant de la comédie populaire contemporaine. Aussi la réussite du long métrage demeure-t-elle relative, cantonnée au scénario et au show drolatique de ses figures au contact les unes des autres. Mais voir le public se déplacer en masse, acheter un ticket pour Un p’tit truc en plus rassure davantage que le succès récent de Cocorico (presque deux millions d’entrées), navrant de racisme ordinaire et de fainéantise narrative.