Une fable onirique, entre Mulholland Drive ou Minuit dans le jardin du bien et du mal et le film noir des années cinquante, pour une enquête complétement improbable menée par un branleur fini, au propre comme au figuré d'ailleurs, pour retrouver sa délicieuse mais éphémère voisine, côtoyée le temps d'une soirée trop vite terminée. Los Angeles, plus précisément son secteur est (dans lequel se trouve Hollywood), filmé dans toute sa démesure, ses excès et sa coolitude friquée. Sex and drugs and plus ou moins rock'n'roll.
On comprend vite que, même si le scénario s'avère au final plutôt bien construit, il est complétement louf et qu'on est en tout état de cause assez loin d'un thriller classique. Du coup, je pencherai volontiers pour une vision métaphorique des Etats-Unis de Donald Trump : avec des personnages pleins aux as, qui n'en branlent pas une, mais qui s'éclatent comme des bêtes. Une absence totale de sens éthique et social, des conversations d'une affligeante banalité (il est beau ton tee-shirt !) l'omniprésence de la théorie du complot, la paranoïa à tous les étages, la violence physique, les armes, les médias à la noix, le mauvais goût californien, le consumérisme et finalement le repli et l'enfermement dans la conviction d'une destinée divine à venir, mais inéluctable.
Voilà, disons une microsociété en pleine décadence dans laquelle Néron aurait vraisemblablement fait figure de pasteur presbytérien. Et à côté de ça une violence sociale inouïe, qui affleure par moments, avec la très bonne scène du SDF ou la saisie des biens du personnage principal, à court de liquidités. Les clins d'œil constants à l'âge d'or d'Hollywood étant possiblement là pour rappeler au spectateur à quel point cette société étasunienne a évolué, et s'est dégradée, en un peu plus de cinquante ans. Bon, là je pousse peut-être le bouchon de l'interprétation un peu loin...
Toujours est-il que sans être le film de l'année, ça se regarde plutôt bien, sans ennui pour ce qui me concerne, en dépit du caractère souvent extravagant des situations. Il y a en outre quelques traits d'humour qui aident à faire passer une pilule qui, au final, aurait pu être très dure à avaler. Dit autrement, il y a eu prise de risque de la part du réalisateur, et il s'en sort finalement plutôt pas mal à mon humble avis.