Réalisateur dissident, provocateur, et non-institutionnel ; Wakamatsu s’attaque sans concession aux dérives destructrices d’un mouvement de gauche dont il fut sympathisant : celui des étudiants contestataires nippons des années 60-70.
Le film impressionne par la qualité de sa documentation aussi bien historique que psychosociale, mais aussi par la teneur des faits qu’il relate (d’une violence extrême et méconnus en Occident) où l’on découvre les racines du terrorisme japonais et son expansion à l’échelle internationale dans les années 80.
Alors que la première partie du film s’attache à dépeindre avec dynamisme les causes politiques de ces révoltes estudiantines, la deuxième partie nous enferme dans un huis-clos, où nous assistons au sanglant processus de fanatisation d’un groupuscule de jeunes révolutionnaires. Ici, la violence est filmée de près ; la folie meurtrière cherche à se justifier, en vain, par la doctrine de l’autocritique maoïste*, mais seul un profond sentiment d’injustice demeure.
Dans la troisième partie nous suivons la cavale des derniers rebelles, et constatons l’impasse ainsi que l’échec définitif de cette révolte armée.
En signant cette œuvre (l’une de ses dernières) Wakamatsu montre l’absurdité de ces actions politiques armées (le mouvement ne cause que des morts injustes et inutiles, et finit par se détruire tout seul, d’ailleurs, les forces policières exercent une répression douce et précautionneuse). Ce faisant Wakamatsu refuse d’être un réalisateur au service du pouvoir, d’abord, il prend le soin de montrer l’humanité et parfois la bienveillance des bourreaux, ensuite, il n’oublie pas de critiquer les gouvernements japonais qui ont constamment renouvelé les traités d’alliance américano-japonaise.
- "Il est encore un trait marquant qui nous distingue des autres partis, c'est la pratique consciencieuse de l'autocritique. (…) Si celui qui a commis une erreur ne dissimule pas sa maladie par crainte du traitement et ne persiste pas dans son erreur au point de ne plus pouvoir être guéri, mais manifeste honnêtement, sincèrement, le désir de se soigner, de se corriger, nous nous en réjouirons et nous le guérirons, afin qu'il devienne un bon camarade." (Extrait du « Petit Livre Rouge », chapitre XXVII)