T'as pas une gueule de porte-bonheur

J'ai revu avec un plaisir intact cette série B de luxe que je n'avais pas revue depuis les années VHS, soit au cours de la décennie 80, c'est toujours aussi efficace.

En 1985, je m'en souviens encore, déboulait sur les écrans ce petit bijou vampirique, le scénario n'avait rien de bien innovant, il avait un petit côté "Fenêtre sur cour" par ce jeune Charlie Brewster qui épiait son étrange voisin aux moeurs nyctalopes. Mais les effets spéciaux et les effets de maquillages étaient d'une qualité telle pour l'époque, qu'on s'est tout de suite entiché de ce film, et avec le temps le film est devenu une référence, on pourrait paraphraser le titre français en disant "Culte... vous avez dit culte ?".

Scénariste musclé avec Classe 1984 et Psychose II, Tom Holland réalisait son premier film avec un budget de 9 millions de dollars et frappait fort. Télescopage adroit entre le premier degré (la peur brute) et le second degré (un humour débouchant sur le sourire), le réalisateur livrait un bon concept de comédie horrifique en montrant qu'il connait ses classiques, on sent son amour presque nostalgique des grands mythes du cinéma fantastique, et tout en reprenant des éléments attendus du genre, il y glisse sa manière de voir les suceurs de sang d'une autre façon : le voisin est un beau gosse, séduisant, moderne, cruel, il peut sortir à la lumière du jour dans sa forme humaine et se joue des crucifix (sauf si on a la foi), de même que les vampires évoluent dans un décor urbain et non dans un château poussiéreux ou une campagne déserte... malgré ces nouveautés, le film est respectueux des mythes, car à la fin, dans sa forme vampirique, le soleil lui joue de vilains tours.

Le casting est correct, les jeunes gens sont bien dans leurs rôles, Chris Sarandon est un vampire charmeur, mais c'est Roddy McDowall qui en vieille star des émissions TV d'épouvante, trouve un de ses meilleurs rôles ; il sera d'ailleurs la vedette d'une suite réalisée 3 ans plus tard, beaucoup plus conventionnelle. Un remake aussi sera réalisé en 2011 avec Colin Farrell sous le titre Fright Night, mais sans l'éclatante réussite de l'original. A savourer.