Victoria. Je ne m'attendais absolument pas à ressentir des émotions aussi fortes, aussi déchirantes, en regardant ce film. Mes mots suivront le cours des sensations que j'ai pu connaître pendant le visionnage et seront sans doute forts et peut-être, selon vous, exagérés, mais je ne peux m'exprimer autrement que comme cela, par mon regard dont j'assume l'entière subjectivité et la passion.
Tourné en plan séquence véritable, (au bout de 3 essais alors que le réalisateur et l'équipe n'y croyaient plus..) cette oeuvre est époustouflante. Les acteurs jouent avec ardeur et brio pour la plupart; D'ailleurs, ils ne jouent pas. Ils incarnent, ils sont.
Le plan séquence permet sans doute de laisser une place unique à l'improvisation et semble pousser les acteurs à se plonger encore plus dans leur rôle, sachant qu'aucune coupure n'est possible et que le rendu est transparent, leur performance apparaissant telle qu'elle à la fin. Cela purifie leur jeu, à mes yeux. Cela crée en nous le désir de sonder ces personnes dont on ne sait pratiquement rien.
Le scénario est surprenant: anecdotique et réel, il possède malgré tout une petite dose d'onirisme, d'esthétisme. Le seul essoufflement que peut connaître ce film concerne les scènes sans dialogue, avec la musique comme seule compagne de l'image. Nils Frahm fait dans l'intensité, la tension, la subtilité et le décalage entre sa musique et les scènes frénétiques au ralenti dans la boîte de nuit peut déstabiliser. Mais, de mon côté, j'ai trouvé ces scènes belles et touchantes.
La caméra est hypnotique, séduisante et par son instantanéité, elle nous donne le vertige. Le vertige, le doute, l'anxiété et l'excitation que provoque une situation imprévue, où des liens se dessinent et où tout finit par nous dépasser.
Ce film m'a marqué par son image, sa vivacité, sa capacité à nous faire sombrer dans l'angoisse et l'incertitude. On ressent une frénésie dans cette oeuvre cinématographique, c'est une histoire moderne, une histoire importante, une histoire puissante.