War Pony c'est avant tout cette longue et séduisante exploration d'une prison à ciel ouvert qu'est la réserve indienne de Pine Ridge au travers de deux parcours de vie complètement différents et pourtant plongés dans des quêtes similaires : grandir, prendre des responsabilités, affronter la vie.
Si ce suivi intime de la jeunesse pourrait être comparable à ce que ferait un cinéaste tel que Paul Thomas Anderson - à l'image de Chloé Zaho avec Les Chansons que mes frères m'ont apprises et The Rider - Gina Gammel et Riley Keough ne semblent pas faire totalement abstraction des codes du documentaire : ces dernières prennent le temps de présenter au spectateur les routes, les maisons, les quartiers... où la pauvreté, le chômage, l'ennui et la drogue caractérisent le quotidien de la tribu Oglala.
Si le rythme du film peut parfois établir une certaine distance concernant ses évènements narratif, ce travail en conditions réelles et avec des acteurs non-professionnel(le)s permet surtout de tirer le récit loin de la figure du récital grave insistant sur l'intensité dramatique car l'espace et ce qui le compose parlent pour eux-mêmes. De par cette épuration de la mise en scène, la douleur évidente qui résonne dans War Pony ne fait jamais de chantage à l'émotion. Sa violence tout comme sa beauté pudique incarnent un même visage et coexistent dans une grande neutralité et une superbe légèreté.
En ne se voulant (intelligemment) pas comme le retrait d'un misérabilisme afin de ne pas tomber dans la figure utopique, en ne se pensant (étonnamment) pas comme un message d'espoir quant à la libération d'un immobilisme général, War Pony offre finalement un plaisir sincère à suivre le parcours quotidien et incertain de ses protagonistes.