La fin de l'ère X-Men
La deuxième sera-t-elle la bonne ? Jean Grey possédée par une force cosmique d’une puissance phénoménale faisant d’elle le mutant le plus puissant de la planète. Ca ne vous rappellerait pas X-Men : L'affrontement final? Soit l'un des PIRES films de la franchise X-Men? Et bien si et 13 ans plus tard, grand temps il est, après avoir rectifié les erreurs impardonnables de cet opus grâce à ce sauveur qu'est Bryan Singer et son X-Men Day of futur Past, Jean Grey la mutante télépathe est de nouveau dans le collimateur des réalisateurs. Pour coller un peu plus au comics, la menace viendra de l’espace. Des aliens dans X-Men ? Un joli tournant pour une conclusion.
Une bande annonce laissant indifférent, des reshoots multiples quelques mois après la fin de tournage, une sortie repoussée de quelques mois, une durée inférieure à la moyenne des films du genre, Dark Phoenix, soyons objectif, avant même sa sortie, ne sentait pas bien bon. Pire que « L’affrontement final » ? Souvenez- vous, l'ascension de Jean Grey vers le Dark Phoenix était annoncée dans X-Men : Apocalypse voyant la jeune télépathe se laisser submerger par ses pouvoirs afin de sauver la situation sous les yeux du mutant Apocalypse salivant en entrevoyant l'avenir. Apocalypse garantissait un Dark Phoenix dantesque, surpassant « X men : L’affrontement final ».
Clairement, on n'est pas au niveau de First Class et Day of future past. Même X-Men Apocalypse est plus solide. Les premières minutes proposant pour la première fois d’emmener les X-Men dans l’espace montraient un début de bonnes intentions de la part de son réalisateur. Un évènement jamais vu dans l’histoire cinématographique de nos mutants devenus ici des héros de la nation adulés de tous.
Clôturer une franchise, écoper du poste de réalisateur et scénariste, c’était peut être trop pour Simon Kinberg, scénariste et producteur des X-Men depuis « L’affrontement final ». Je me mets à sa place, la pression devait être monstrueuse pour lui, terrifié à l’idée de peut être faire pire que le travail de Brett Ratner. La peur lui a fait faire de mauvais choix à Kinberg dirigeant son film vers la facilité, simplifiant l'arc le plus important de l'histoire du comics original. Conséquence pour le fan de manga et de série que je suis, Dark Phoenix je l’ai vu en une sorte d'épisode HS dispensable. De bonnes scènes d’action, spectaculaires et fun mais un rythme trop lent.
Je sais que certains d’entre vous nous appellent des super héros.
J’admets ne pas très bien comprendre ce que ça veut dire mais c’est
largement mieux que ce qu’on entendait avant.
Les X-Men en pleine crise familiale et scénaristique
Comme l’avait toujours été la saga X-Men, nous sommes loin des autres films de l’univers cinématographique de Marvel. Le ton sérieux, jamais une seule blague ne sera placée lors d’une situation dramatique. Pour ainsi dire, l’humour n’est pas si présent si on le compare aux autres épisodes. Tristesse, mélancolie, atmosphère sombre et psychologique, bande originale mi-apocalyptique, mi-dramatique d’une puissance phénoménale, pour un peu, on se croirait aux débuts du Dc Universe. On est bien dans du Marvel ?
Avant tournage, était annoncé que Dark Phoenix serait en deux parties. Et si l’idée de diviser ce chapitre final en deux parties avait été un choix plus judicieux permettant de conclure en beauté la saga ? Merci Disney ! L’incompréhension s’invite chez les X-Men. Plus le film avance, plus la déception grandit. Et ça commence par un générique bousculant nos habitudes où il a été convenu, juste pour embêter le monde, de se séparer du thème musical propre à la franchise. Dès lors, X-Men perd son identité. Dark Phoenix ne nous plonge pas dans le X-Men que nous connaissons tous. La suite continuera d’amplifier ce sentiment. Ca a l’apparence d’un X-Men mais ça ne fait pas du X-Men. En tout cas pas après la séquence si prometteuse dans l’espace.
Aucun easter eggs, contexte politique furtif, personnages tels Psylocke et Moira MacTaggert jetés aux oubliettes, costumes classes rangés dans l’armoire, des X placés un peu partout maladroitement (ne manquait plus qu’une carte bancaire X-Men), l’équipe devant la caméra a-t-elle désertée à l’annonce du rachat de la franchise X-Men par Disney? Que c’est il passé à l’institut Xavier ? L’école fait vide, même avant qu’il y est dissolution des X-Men. Et qu’ont-ils faits à Quicksilver, Mystique et Magneto ? Quicksilver a tout juste le temps de nous livrer deux courtes séquences « presque » à hauteur de son charisme, Simon Kinberg prend la décision de le mettre au coin et de le ressortir juste à la fin. Pour les deux autres, pas mieux. Mystique n’a visiblement plus grand-chose à offrir, et ce pauvre Magneto de nouveau isolé avant d’être appelé en grand renfort n’en plus. Ca sent la fin expéditive. Dark Phoenix met entre parenthèses ses héros charismatiques pour se concentrer uniquement sur Charles Xavier, Le fauve et Jean. (Petit plus pour Cyclope plus utile, subissant un traitement plus respectueux que sa version « Affrontement final ».)
Là au moins, je suis enthousiaste, l’approche psychologique sur ces trois personnages en souffrance est habile. Retour du X-men égal à lui-même d’un point de vue psychologique. Le jeu authentique de Sophie Turner bouleversante de sensibilité, je comprends mieux pourquoi les critiques s’accordent à dire que ce X-men est encore plus humain que ces prédécesseurs. Un développement intelligent, j’ai aimé le travail pointilleux effectué sur Jean Grey et ce malgré le fait qu’elle virera beaucoup trop rapidement vers le coté obscur de la force. Cependant, je ne peux m’empêcher d’enrager à la vue du traitement infligé à son histoire d'amour avec Cyclope, cette même relation faisant toute la force des X-Men, on l’a survolée. Eternel recommencement ? Pour un peu, je serai fan de la relation Jean/Logan dans L’affrontement final. Pour quelqu’un ne portant pas dans son cœur cet opus, mon égo en prend un sale coup.
Une nouvelle œuvre soulevant la complexité qu'est la dualité intérieure de chaque être humain entre sa part de bien et sa part de mal. Il n’y en a jamais assez. Dark Phoenix soulignera ça part l’intermédiaire de Jean Grey en proie à une vraie dualité entre son passé refoulé, son coté bon et sa part d’ombre accentuée par cette force surnaturelle quasiment impossible à contenir. De ce point de vue, Dark Phoenix n’oubliera rien, soulignant au passage à merveille l’aura de Jean Grey par un jeu de lumières, une photographie et une musique lui rendant grâce.
A films de super héros, bagarres, destruction de décors, démonstration de force par ses pouvoirs. Des héros face à un personnage capable de vous désintégrer en un claquement de doigt, on l’a vu avec Thanos et la Jean Grey sauce Famke Janssen. Dark Phoenix doit offrir quelque chose de semblable. Les scènes d’action dans Dark Phoenix, comptez les sur les cinq doigts de votre main et elles tardent à se montrer. Le pire, elles sont sympas MAIS toutes entrevues dans les bandes annonces. Deux ont retenues toute mon attention, la scène du train (à inscrire parmi les séquences les plus cool d’X-Men), et le combat final riche en destruction humaine et architecturale, dignes toutes deux des X-Men. Pour le peu qu’on a d’action, c’est réussi, excepté que pour un X-Men, qui plus est, un final focalisé sur une mutante surpuissante, c’est trop peu.
Et la « survendue » Jessica Chastain dans tout ça ? L’eau chaude ça ne sera pas pour aujourd’hui. J’accepte que pour amplifier la menace qu'est Jean, on propose d'amener de l'espace des méchants aliens à l’apparence d’humains en costards accompagnant Vuk, la bad guy du chapitre incarnée par Jessica Chastain métamorphosée en albinos. A la seule condition : qu’elle soit bien écrite, qu’elle foute les chocottes vu son potentiel. Sa première apparition digne d'un film d'horreur nous vendait du rêve. La suite ne sera pas glorieuse. Le jeu de Chastain est certes indiscutable, en tant que bad girl, elle est bien fade, d'une intelligence et d'un niveau de machiavélisme médiocre. Un pétard mouillé pour une méchante alien au départ digne de rejoindre le T-1000 au rang de méchant froid, increvable et terrifiant. Apocalypse meilleur bad guy que Vuk?! Je n’ose y croire moi-même.
Nous sommes tous en guerre contre nous-mêmes.
Au final, j’aimerai pouvoir vous dire qu’X-Men : Dark Phoenix m’a fait versé quelques larmes en quittant mes héros préférés, que j’ai été comme d’habitude captivé du début jusqu’à la fin de intelligence des propos de ce film, que j’ai eu quelques frissons d’excitation en découvrant de nouveaux mutants bons ou mauvais embarquant notre groupe de mutants dans des scènes d’action jouissives. Je ne peux pas. On a malmené des personnages que j’aimai, on m’avait promis plein de choses qui au final, ne se sont pas passées (l’intrigue se déroulant dans les années 90, j’espérais avoir la sensation de vadrouiller véritablement de nouveau à cette époque). Dark Phoenix m’a certes plu par ses musiques et son spectacle, il m’a laissé un arrière gout d’inachevé. Ca ne peut pas être une conclusion, on ne peut pas nous laisser avec un film comme ça. J’espérais au plus profond de mon être que jamais je n’éprouverai ça devant la conclusion d’une saga tant chérie. En un seul film, la franchise X-Men disparait sans que l’on y prête attention. Ils ne méritaient pas ça, c’est injuste. Incompréhension totale.