Après une retraite de près de 15 ans, les top model les plus stupides de l’univers (et pas que, à notre avis) reviennent pour un nouveau défilé. Toujours chapeauté par l’inénarrable Ben Stiller, Zoolander a-t-il encore le truc ? Spoiler alert : oui. Il l’a.
Dangereuse entreprise, que de ranimer les morts. Si les romans de H. P Lovecraft nous ont appris quelque chose, c’est bien que la nécromancie est un art occulte à pratiquer en connaissance de cause. Pourtant souvent le cinéma à fait fi de ces principes pour se livrer à ce rite impie.
Comme souvent, la réussite de la formule dépend du magicien. Et le mage Ben Stiller a, contrairement à son alter ego top modèle, toujours la flamme. Embarquons donc une nouvelle fois dans cet étrange milieu qu’est la mode, en compagnie des personnages qui feraient presque passer Dumb et Dumber pour des prix Nobel.
La classe américaine
Justin Bieber est assassiné. Il rejoint la longue liste de Popstars qui se sont fait zigouiller ces derniers temps mais qui, de Usher à Nicky Minaj, arboraient tous une étrange moue sur le dernier selfie qu’ils ont posté sur les réseaux sociaux. Valentina Valencia (Penelope Cruz), agent spécial à la division mode d’Interpol reconnaît la patte du Top modèle déchu Derek Zoolander (Ben Stiller). Un pitch, vous l’aurez compris, qui vous baigne tout entier dans un océan de bêtise, pour ne jamais vous en laisser sécher. Zoolander 2 sera d’une connerie abyssale, ou ne sera pas.
Telle Rey dans Star Wars VII, qui remue ciel et terre pour retrouver la trace de Luke Skywalker, Valentina se lance à la recherche de Derek, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Ou plutôt, l’ombre de l’ombre de lui-même. Il faut dire que le « Centre Derek Zoolander pour les enfants qui lisent pas génial » n’a pas fonctionné à la hauteur des espérances du mannequin, qui laissera des plumes dans cette affaire. Pire, on lui voit retirer la garde de Derek Junior.
C’est donc avec cette quête de paternité en toile de fond que l’inventeur du regard Blue Steel accepte la proposition de la sulfureuse Valentina. L’homme ne sera pas seul dans son équipée. Pas certains que sa présence lui soit d’une grande aide mais, n’en déplaise, son fidèle acolyte Hansel (Owen Wilson) sera également de la partie, lui aussi en proie avec la paternité. Qu’il cherche à fuir, cependant. Il faut dire que ce blondinet a une sexualité lâche qui lui a joué des tours. On dit qu’il sera bientôt père de 10 enfants, et qu’il a même enfanté des hommes, et certains animaux.
Pièce de créateur
Zoolander 2 a la vanne généreuse. Nous ne sommes pas dans un de ses films qui, si peu sûrs de leur succès, s’empressent de déverser leur contenant de gags dans la bande-annonce. Le trailer n’en contient ici même pas le quart. Car s’il y a bien une chose que vous devez savoir sur Zoolander 2, c’est qu’il se déroule dans un monde où le New Jersey est la terre de tournage de The Revenant, et que Malibu est « un territoire inexploré ».
Ben Stiller s’autorise toutes les folies, tous les fantasmes. Prodigieusement aidé dans sa tâche par l’écriture démente d’un des grands génies de notre temps, Justin Theroux, l’incroyable scénariste de Tonnerre Sous les Tropiques, qui joue également le flic torturé Kevin Garvey dans la série The Leftovers. Une polyvalence rare, qui nous offre un film rythmé, dense, où l’on rit beaucoup et qui nous apprend très tôt que l’on ne saura jamais à quoi s’attendre pour la prochaine fournée de rires.
Pourtant, en sa qualité de suite, Zoolander 2 ne s’interdit pas un certain humour autoréférencé qui paraîtra bien obscur à quiconque se lancerait dans le film sans en avoir vu le premier volet. Si tel est votre cas, colmatez sans tarder ce trou dans votre culture cinématographique. Car si vous rirez malgré tout aux larmes à l’une des scènes les plus fabuleuses du film de Ben Stiller, qui implique un centaure, Naomi Campbell et une crème hydratante, vous ne saurez en saisir la teneur que si vous savez que « l’oxygénation est l’essence de l’hydratation, et l’hydratation est l’essence de la beauté ».
Zoolander 2 est une folie en signe de profession de foi. Celle d'un auteur, Ben Stiller, qui assène au monde qu'il n'est pas fini, qu'il n'est pas has been. Que l'économie de production est sans doute la meilleure chose à faire pour conserver talent et longévité. Une suite comme on aimerait en voir plus. Un subtil entre-deux, un pied dans une recette qui a fait ses preuves, un autre dans une nouvelle qui fonctionne à merveille. Quoi qu'il en soit, les deux sont profondément ancrés dans tout ce que la bêtise humaine à à nous offrir, et on en redemande.
Publié sur hypesoul.com