J'ai terminé Dark Messiah en ce début septembre 2015, après 12h de jeu. Je vais donc faire fi de l'époque à laquelle je me trouve pour replacer l'expérience Dark Messiah dans sa période d'origine, c'est à dire 2006.


La première chose qui m'a frappé, c'est la ressemblance plus qu'évidente avec l'excellent Dishonored. Et pour cause, Dark Messiah et Dishonored ont les mêmes parents : les français d'Arkane Studios. Le gameplay de DM est pour ainsi dire le brouillon de ce que l'on trouvera dans Dis'.


Le jeu nous met dans la peau de Sareth, un héros plutôt fade et sans personnalité, habité par Xana, une fille très aguicheuse qui lui susurre des indications et des mots doux à l'esprit (on se croirait presque dans Halo, sauf que le major est vraiment cool et que Cortana est bien plus qu'une fille qui montre ses formes...). Après des cinématiques mettant en scène les enjeux ultra-rances et déjà vus du scénario, nous voilà lancé dans une succession de niveaux semi-ouverts laissant souvent la part belle à l'escalade, aux précipices, au feu et aux murs couverts de pointes. Pour traverser ces niveaux Sareth devra se tailler un chemin à l'aide des différentes armes proposées (5 ou 6, avec plusieurs variantes chacunes) tout en utilisant une des bonnes idées du jeu : l'arc à corde. En tirant une flèche avec ce dernier en visant une structure en bois, une corde apparaît au bout de la flèche et peut ainsi permettre d'atteindre des zones cachées ou simplement de prendre un peu de hauteur sur les ennemis. En plus des armes et de l'arc, le héros a accès à une sélection de pouvoirs magiques allant de l'indéboulonnable boule de feu à la vision nocturne, en passant par le contrôle des ennemis et la télékinésie. Rien de bien folichon, mais l'arsenal mis à disposition permet d'orienter le personnage vers les 3 classiques : guerrier, voleur et mage.


Autant vous prévenir : si vous souhaitez avoir un quelconque intérêt pour le jeu, oubliez l'approche guerrière. Les combats au corps à corps ont beau être relativement vifs, ils ne vous proposeront que de matraquer la touche d'attaque ou bien de bloquer (d'ailleurs si vous voulez des combats intéressants au corps à corps, jouez a Mount & Blade Warband. Jouez-y, vous dis-je !).


L'approche du mage est sensiblement plus intéressante car elle permet quelques coups fourrés et des combinatoires rigolotes. Bémol : la jauge d'adrénaline, qui permet d'avoir des effets spéciaux avec les coups au corps à corps ou les sorts, ne permet pas de profiter assez souvent des sorts puissants. Il y en a par exemple un qui vous permet de rétrécir énormément un ennemi grâce à l'adrénaline. Ça a l'air cool, mais vous ne le ferez peut-être qu'une fois ou deux en jeu, et il est frustrant de passer à côté de tout ces pouvoirs sympathiques.


Enfin, la méthode voleur est de loin la plus intéressante. Dagues en mains, vous ajoutez un gros aspect infiltration au jeu qui rend le challenge bien plus intéressant et qui permet un maximum de diversité dans le gameplay. En sautant de poutre en zone d'ombre, en assassinant silencieusement les gardes et en employant de temps à autres certains pouvoirs magiques soigneusement sélectionnés, vous pourrez jouer avec un immense éventail de possibilités dans ce qui s’avérera alors être un gentil brouillon de Dishonored. Le décor se prête d'ailleurs (trop) formidablement bien aux approches assassines : à l'aide de votre coup de pied surpuissant (sérieusement, il doit y avoir un vérin hydraulique quelque part) vous éjecterez moult orcs débiles par dessus-bord, vous empalerez des hordes de zombies sur des pointes murales (qui décore une ville comme ça ???) et vous ferez brûler des garnisons de soldats dans des feux de camps. En sus de ces projections vous pourrez activer divers pièges allant de la statue qui s'effondre à un lustre oscillant qui sert de bélier. Sympa !


Ai-je omis de préciser que le jeu est abominablement sombre, et que même en extérieur de jour vous aurez parfois de votre vision dans le noir pour vous en sortir ?


L'univers est encore plus fade que le héros (pour tout dire, les films Donjons & Dragons avaient des univers à peu près aussi charismatiques). Il y a des nécromants, des zombies, des goules-gollums, trois cyclopes, des orcs nuls, des gardes, un ou deux trucs qui volent, et voilà pour le bestiaire. En sachant que les orcs et les gardes ont un comportement très semblable, que les cyclopes n'ont d'impressionnant que leur modèle 3D, que les mages se font déboîter en quelques mandales (un coup de tatane pour les propulser dans un escalier marche très bien également). Seuls les zombies et les goules peuvent se montrer inquiétants : les premiers par leur nombre et les secondes par leur capacité à vous sauter dessus depuis à peu près n'importe où.
Les décors sont finalement peu variés, bien que le Level Design soit de bonne qualité. On regrettera simplement que certains objectifs soient difficiles à trouver dans des niveaux pourtant linéaires, ce qui nous pousse à faire des allers-retours pénibles alors que la solution au problème se trouvait souvent sous notre nez. Vous aurez donc à parcourir une ville, une île montagneuse avec cabanes à flancs de falaises (vous imaginez déjà la quantité d'orcs balancés...), quelques cryptes/tombeaux/sépultures génériques, et... voilà.


Visuellement le jeu n'est franchement pas laid et est encore très jouable aujourd'hui. Bien entendu l'ensemble manque de finesse mais cela ne vous empêchera pas de profiter de l'expérience. Le son est quant à lui un peu en reste : bruitages vraiment pas dingues et manque de musiques d'ambiance. En même temps le son a souvent été le parent pauvre du jeu vidéo. Pour finir, l'interface est quant à elle plutôt rustique et minimaliste, mais elle remplit ses fonctions sans trop poser de problème.


Conclusion : Dark Messiah of Might & Magic est l'ancêtre pas si lointain de Dishonored, avec les défauts et les qualités que l'on peut lui imaginer. Il établit les bases de ce que sera l'expérience Dishonored (si vous n'aviez pas compris depuis le début, je vous recommande chaudement Dishonored !) et même si on essuie forcément un peu les plâtres, force est de constater que DM est un jeu plaisant qui vous divertira pendant sa dizaine d'heures d'espérance de vie. Vous n'y rejouerez probablement pas, mais au prix où il se trouve aujourd'hui sur Steam vous passerez un bon moment à moindres frais.


PS : je sais que Might & Magic est une licence très connue, mais je ne la connaît pas du tout moi-même. En tout cas, le jeu ne m'a pas vraiment convaincu par rapport à l'univers !

BobbyMcCouille
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le 6 sept. 2015

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BobbyMcCouille

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