Dark Souls est une saga dont j’ai toujours senti un immense potentiel déjà avec Demon’s Soul mais il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas pour empêcher d’exprimer pleinement ce potentiel : un problème technique particulièrement pénible, une gestion de la difficulté parfois maladroite, des zones de jeu inégalement travaillées, des items importants longs et chiants à crafter, des builds un peu trop avantagés par rapport à d’autres... Dark Souls III s’est vendu comme l’opus qui reprenait la formule mais qui enfin la sublimerait en prenant le meilleur de ce qui a été fait jusque là, et bien franchement je pense que c’est exactement ça.
Pendant la lecture, je vous propose l’écoute de cette douce mélodie : https://www.youtube.com/watch?v=T_mJUwgwhgQ
REALISATION / ESTHETISME : 9 / 10
La version PC de Dark Souls III a le mérite d’être propre en ce sens qu’elle est sans bug dès sa sortie, fluide à tout instant (contrairement aux versions consoles qui accusent un peu le coup par moment), pas excessivement gourmande en ressources... ça peut paraître le minimum syndical mais il faut bien se rendre compte qu’aucune version PC proposée par From Software pour cette saga n’a sut le faire avant cet épisode, ce qui en fait une version très réussie dans un tel contexte. Alors, on peut râler sur le niveau de détail des textures pas très poussé pour un jeu next-gen mais c’est chipoter vu la qualité esthétique qu’il y a derrière.
Encore une fois, le genre Dark Fantasy a l’une de ses plus belles illustrations avec des décors magnifiquement travaillés fourmillant de petits détails ici et là, des boss à l’allure absolument sublime avec parfois une animation à tomber par terre, un bestiaire varié en cohésion avec leur environnement, des armures très stylées dans ce ton lugubre et délabré, des thématiques environnementales qui ne cessent de se renouveler avec cohérence et efficacité... Ajouté à cela, l’accentuation mise sur les braises comme lorsque l’on est sous forme embrasée du plus bel effet avec certaines armures.
D’ailleurs, tout ce qui touche aux effets de particule, de fumée et autres sont très réussies, le veilleur des abysses qui fait flamboyer son épée en est un parfait exemple. Dark Souls III est un régal pour les yeux à chaque instant en dépit de son léger manque de finition sur quelques textures un peu grossières si on y prête vraiment attention. Et quant à chipoter on peut aussi reprocher le manque d’expression de notre avatar et la pauvreté de sa création visuelle, problème depuis Demon’s Soul, faux problème pour cette saga puisque notre tête est souvent cachée sous notre casque et que les cinématiques du jeu sont là pour présenter les boss et non notre personnage, sauf pour rappeler sa petite taille en comparaison éventuellement.
GAMEPLAY / CONTENU : 10 / 10
Je ne vais pas répéter les qualités habituelles de la saga que j’ai déjà évoqué dans d’autres critiques (grande variété de façons de jouer, level-design régulièrement très bien élaboré, difficulté exigeante mais gratifiante, panoramas contemplatifs mais aussi utiles pour optimiser ton trajet...) pour me concentrer davantage sur les nouveautés et modifications. On peut reset ses stats plusieurs fois pour varier nos builds au sein d’un même cycle de jeu, très confortable. Les styles de magie ont plus de variété en leur sein et leur utilisation est dépendante de fioles d’estus dédiées à la mana à la place de la vie, un nouvel équilibrage doit donc être trouvé ce qui est plutôt intéressant.
Les weapons arts, capacités puissantes mais coûteuses en endurance et mana liées aux armes, viennent enrichir une panoplie de mouvements déjà très complète, impressionnant. Les feux sont vraiment bien placés et aucun aller-retour excessivement chiant n’est à faire pour qui explore assez pour découvrir les raccourcis. Sans être aussi souple et dynamique qu’un Bloodborne on est quand même plus agile que dans les Souls classiques et franchement je préfère, la difficulté n’en est pas réduite pour autant mais le plaisir de jeu immédiat est plus présent. La forge est simple d’utilisation mais sa trop grande complexité d’antan n’a jamais été une qualité pour moi donc c’est très bien comme ça.
La quasi totalité des zones de jeu sont vastes et bien foutues, il y a que les catacombes de Carthus que je trouve un peu trop petites mais c’est la seule zone de jeu souffrant de ce problème, même les zones optionnelles et difficilement trouvables ont fait l’objet d’un travail très conséquent, ma zone de jeu préférée (le Pic des Dragons) étant d’ailleurs une de ces zones. L’équilibrage entre la magie et le combat est mieux géré avec les faiblesses des ennemis et boss plutôt bien réparties (seul le poison est un petit peu useless). En somme, les plus grandes qualités connues de la saga avec les modifications et améliorations qu’il fallait, c’est pour moi un gameplay irréprochable.
SCENARIO / AMBIANCE : 8 / 10
Dark Souls III est davantage un Dark Souls II dans son scénario car très lié aux événements du premier opus, l’avoir fait n’est pas forcément indispensable mais ça permet vraiment de mieux l’appréhender et d’en apprécier un fan-service très intelligent. On va par exemple revisiter des zones du premier épisode en passant par un autre chemin inédit avec de plus en plus d’indices pour comprendre où l’on est avant que ce ne le soit expliqué, cette idée s’avère géniale à un moment que je ne vous spoilerai pas par respect.
Plusieurs personnages de cet épisode ont un lien plus ou moins étroit avec des personnages déjà existants et il est assez plaisant de cerner les similitudes qu’il peut y avoir. Comme d’habitude les doublages anglais sont d’excellente facture et contribuent au charisme des différents personnages que l’on rencontre. Il y a pas mal de petites quêtes annexes liées aux PNJ assez sympathiques mais malheureusement impossibles à suivre sans une soluce pas-à-pas tellement les conditions pour les déclencher sont difficilement devinable sans parler de leur sets d’armures qui apparaissent à des endroits cachés déjà visités à partir d’un certain moment sans raison logique.
L’ambiance est également très prenante et proche du premier épisode avec de longs silences et à des moments précis des thèmes magistraux, parfois inédits, parfois repris pertinemment. Par contre, ça reste une narration très particulière avec beaucoup d’interprétation et de recherches personnelles à la clef même si c’est un peu plus clair que d’habitude sur les questions essentielles comme la fin, donc c’est un parti pris qui reste un peu frustrant et qui trouvera ses réfractaires mais peut-être un peu moins qu’à l’accoutumée.
CONCLUSION : 9 / 10
Un univers Dark Fantasy à l'esthétisme dont les preuves ne sont plus à faire, un gameplay offrant plein de façons de jouer possibles face à des boss très variés et intéressants à affronter, un level-design d'une qualité exemplaire et omniprésente, une OST proprement incroyable pour créer un malaise ou donner tout son épicness à un combat, un fan-service très bien utilisé pour conclure la saga en beauté… sans doute un condensé de ce qui se fait de mieux dans la saga depuis ses débuts, une aventure aussi éprouvante que magistrale.