Nul ne persévère, car chacun a son ver à soie ! (Calembour de Goku à Kaio dans DBZ).
En 1993 sur consoles 16 bits, David Perry nous avait déjà régalé avec des jeux dotés d'une animation spectaculaire pour l'époque, souvenez-vous de Cool Spot ou Aladdin version Megadrive. Plus tard en 1994, The Jungle Book met encore une belle claque dans la gueule, l'animation de notre avatar ainsi que le level design était toujours au top. Fin 1994, David Perry sort enfin un nouveau projet totalement original, sortit de son imagination débordante de talent, j'ai nommé l'indomptable Earthworm Jim.
Alors Earthworm Jim, c’est quoi ce type. Ben c’est un vers de terre comme son nom l’indique (tout moche en plus), mais qui possède une combinaison spatiale qui lui donne une force incroyable digne d’un super-héros de comics. Le parfait anti-héros donc. On commence d’emblée le premier niveau qui s’appelle New Junk City (traduire « dépotoir-ville »), leçon de level-design. Notre personnage en plus de répondre parfaitement aux commandes, nous expose une palette d’animations époustouflante, avec des mimiques géniales. En gros, Earthworm Jim le vers de terre insignifiant à la base qu’il était autrefois, une fois dans sa super combi de l’espace, se la pète grave. Grâce à son super pistolet mitrailleur de l’espace, il peut tirer dans huit directions possibles, se servir de son corps de vermisseau comme d’un fouet pour tuer les ennemis ou bien s’accrocher à des émerillons dans le décor, il peut même le faire tournoyer rapidement pour amortir sa chute, ou planer plus loin. D’une manière générale, les possibilités d’action, l’animation ainsi que l’inventivité des niveaux, ça fait déjà beaucoup de points forts. Les situations sont rocambolesques au possible, dès le début, on nous invite à faire tomber un frigo sur une branche d’arbre afin de catapulter une vache… What the fuck comme dirait l’autre. Les bruitages aussi sont géniaux, particulièrement dans la version Megadrive, encore plus tonitruants et nombreux que chez son homologue Snes.
D’ailleurs, pour parler des deux versions, disons qu’elles se valent. Sur la console de Sega, on a une résolution d’affichage un poil meilleure, un niveau supplémentaire (Intestinal Distress, un chouette niveau qui se déroule comme son nom l’indique dans des intestins géants) parmi les sept proposées, et un rendu sonore plus puissant (mais pas forcément mieux). Tandis que sur la console de Nintendo, les effets graphiques et autres rendront le jeu encore plus agréable (sur le premier niveau, l’éclairage est beaucoup plus dynamique, c’est flagrant) à l’œil, et les musiques seront donc plus douces que sur MD (mais pareil, pas forcément de meilleure qualité, ça dépend les gouts).
Mais abordons le sujet qui fâche et qui m’empêche de mettre une « excellente » note à Earthworm Jim, c’est sa difficulté. Si le premier niveau place la barre déjà assez haut, dès le deuxième niveau qui se passe en enfer (le cultissime What the Heck ? avec sa musique qui reprend le thème d‘“Une nuit sur le mont Chauve“ de Modeste Petrovitch Moussorgski), c’est vraiment très dur. Le challenge ne cessera d’augmenter, mais c’était dans la pure tradition des jeux de plates-formes me direz-vous, mais non je ne suis pas d’accord. Aladdin et World of Illusion sur la même machine, sortis peu de temps auparavant sont des jeux de plates-formes 2D absolument géniaux, mais dont la difficulté « excessive » n’était pas forcément au programme. Et ça n’en faisait pas pour autant des titres moins savoureux que les jeux dont la difficulté est vraiment rebutante. Earthworm Jim fait irrémédiablement parti de cette dernière catégorie de jeux. Les obstacles ainsi que les ennemis arrivent souvent bien trop vite sur notre pauvre vers super-héro, et font perdre trop de vie. De plus, les précipices dans les décors sont trop nombreux et on perd des vies bien trop rapidement. Si le jeu avait été un peu moins chaud lors de certains passages, pas sûr qu’il aurait été moins bon. Du coup, le faible nombre de niveaux (sept sur SNES et huit sur MD) est compensé par la trop grande difficulté du titre de Virgin Interactive.
Mais qu’on se rassure, si les niveaux sont vraiment peu nombreux, ils sont d’une originalité et d’une diversité phénoménales (et le mot est lourd, mais justifié). Premier niveau, un bidonville avec en guise de boss, une poubelle sur pneus ainsi qu’un cariste qui crache des harengs. Deuxième niveau, les Enfers. Boss ? Surprise mais je dirai juste qu’on se retrouve à poil sans trop savoir pourquoi. Troisième niveau, un complexe sous-marin, avec une musique au top et des effets de distorsions sur les décors, ou l’on peut chevaucher un putain de hamster géant. Quatrième niveau, c’est carrément du saut à l’élastique avec un blob tout vert et peu fréquentable, le but étant de le propulser contre les murs pour qu’il tombe dans la flotte avant nous. Cinquième niveau ? Bon je vais m’arrêter la, mauis sachez juste que l’on y trouve une poule robotique. Vous l’aurez bien compris, Earthworm Jim est une source d’inventivité et d’humour décalé tout bonnement géniale, et à l’opposé de tout ce qu’on pouvait voir dans les autres jeux de plates-formes 2D auparavant.
Une indéniable réussite de David Perry donc, à la réalisation innovante et époustouflante, mais à la difficulté malheureusement mal dosée, et assez rebutante.
PS : Il existe une version HD remasterisée apparemment très fidèle à l’originale, dispo sur le PSN et le Xbox Live. A dix euros, elle dispose en plus d’un mode multi-joueurs assez bien fichu il parait…