Après un premier Gears of War que j’avais jugé pour ma part très moyen, un avis qui n’engage que moi comme tous mes avis bien entendu, je me lance dans la suite avec pas mal d’appréhension en espérant qu’Epic Game ait revu leur copie sur bien des aspects. Comme pour le premier, j’ai mené cette nouvelle guerre aux côtés du fidèle frère d’armes Francisravage. La critique étant longue, je vous propose d’écouter Hope Runs Deep, le thème principal du jeu dont on entend le début sur l’écran titre.
GAMEPLAY / CONTENU : 8 / 10
La formule de base initiée par le premier épisode n’a pas changé, on est toujours face à un TPS avec un cover system bien élaboré, un maniement un peu lourd... comme Marcus le dit lui-même : « la règle d’or des Gears : planques-toi ou crèves ! » mais il y a ici plein de petites améliorations. Le level-design à travers la lisibilité du cheminement à prendre, les phases de coop à travers plus de phases originales exploitant pleinement les possibilités d’entraide, l’IA alliée à travers une plus grande autonomie de la part de nos copains bots ne pouvant plus être des boulets mais plutôt des soutiens appréciables, la possibilité de se mettre à couvert à la volée à travers des abris dynamiques à faire apparaître / disparaître... c’est la même chose que Gears 1 mais en mieux.
Plus important à mon sens, la gestion de la difficulté a été revu de façon être plus progressive et plus adoucie, très exactement ce que je voulais. Si je n’arrivais pas à trouver un mode de difficulté à mon niveau dans le précédent épisode, ici le mode normal me va bien dès mon premier run et je serai presque tenté de le refaire en vétéran pour un second run. De plus, la possibilité de sélectionner la difficulté par joueur, au cas où les deux ne sont pas du tout du même niveau, est une très bonne idée qu’on retrouve assez peu dans ce genre de jeu qui va pourtant exploser dans le sillage de cette saga.
L’aventure est un peu plus longue que celle de son prédécesseur, qui doit pour beaucoup sa durée de vie à sa difficulté là où Gears 2 est tout simplement plus riche en péripéties, ce qui n’est pas pour me déplaire. Ce qui l’illustre bien ce sont les boss plus nombreux et plus intéressants à affronter, Il y en a quelques uns qui ne m’ont pas plu, pour être tout à fait honnête parce que je n’arrivais pas à comprendre comment esquiver leurs coups malgré plusieurs essais, mais généralement c’est plutôt une réussite qui prend encore plus son sens quand on la compare à ce qui se faisant avant dans la saga.
C’est très exactement la même logique pour les phases en véhicules là aussi plus généreuses, plus amusantes, plus surprenantes... et ça se combine avec le moteur physique plus poussé avec plein d’éléments destructibles à différents niveaux, incité parfois par les objectifs mêmes du jeu, à l’aide d’armes ultra-puissantes qui font énormément plaisir à manier, d’autant que je ne m’y attendais pas du tout pour certaines d’entre elles. Elles apportent donc beaucoup de plaisir immédiat tout en diversifiant le jeu et sans oublier de présenter un certain challenge, vraiment une très bonne plus-value.
S’il n’y a donc pas de grands changements au menu, il y a plein de petites choses inédites qui font plaisir pour arriver au final à un gameplay tout simplement meilleur en plus de se présenter dans un contenu plus généreux. Je pense qu’on peut aller encore plus loin avec des boss encore plus intéressants à affronter, plus de richesses dans la façon de jouer au niveau des armes et du level-design... mais d’un épisode à un autre sur une même génération ce Gears 2 est déjà tout à fait satisfaisant pour moi sur ce point mais ce n’est pas là que l’amélioration est la plus significative.
RÉALISATION / ESTHÉTISME : 9 / 10
Le plus gros point fort à mon sens de cette suite se trouve dans ses graphismes. Les environnements claquent magnifiquement bien pour un jeu de 2008, les cavernes avec leurs somptueux effets de lumière, les murs de flammes nous encerclant dans une baraque incendiée, les rayons du soleil passant à travers la cime des immenses arbres à perte de vue... Il n’est pas du tout exagéré d’affirmer que j’en ai pris plein les yeux tout du long 10 ans après la sortie du titre et comme vous l’aurez noté au passage, sous bien des formes différentes avec une belle diversité environnementale.
Il y a toujours des partis pris esthétiques de base qui me dérangent un peu comme le chara-design des Gears que l’on incarne que je trouve un peu grotesque, la caméra qui se place au ras du sol quand on sprint qui m’empêche de bien voir ce qui se passe... mais ce n’est vraiment pas grand chose. On est dans la continuité esthétique du premier volet qui aurait été tout simplement plus ambitieux en proposant plus d’ambiances visuelles différentes et encore une fois j’aime beaucoup le contraste entre des environnements très sombres et glauques avec des zones beaucoup plus lumineuses et radieuses.
Sur le plan strictement technique, Gears 2 a gommé bien des problèmes et l’aventure est cette fois-ci exempte de bugs bien gênants ou de mixage audio complètement à côté de la plaque. En parlant de l’audio d’ailleurs, le sound effect est généralement encore plus efficace et les musiques ont également passé un cran au dessus avec pas mal de thèmes épiques à souhait pour accentuer l’aspect défouloir de certaines phases s’y prêtant tout particulièrement que j’ai pu évoqué plus tôt. Gears s’en sortait déjà bien en 2006 sur ces questions mais là c’est encore un peu mieux.
Le feedback est également renforcé par les animations plus travaillées avec par exemple les ennemis qui se mettent à ramper impuissants avant de crever selon notre bon vouloir. Dans un jeu aussi violent qui mise beaucoup sur ses affrontements et le plaisir qu’on peut y prendre en massacrant des monstres sans la moindre pitié, ce n’est pas rien de réussir cet aspect et c’est ici encore mieux foutu. Si ça relève pas mal de la violence gratuite généralisée, c’est parfaitement assumé et maîtrisé à mes yeux donc ça ne me pose pas de soucis du tout personnellement.
La mise en scène des cinématiques est plus travaillée même si je trouve qu’elles sont un peu trop en retrait au fur et à mesure que l’on avance dans le jeu, elles permettent tout de même de rendre plus mémorables certains passages et de constituer une excellente entrée en matière qui a participé à me rassurer sur le gain de qualité du premier épisode au second. Et puis quand on en redemande encore c’est une preuve de qualité de toute façon j’ai envie de dire. Les améliorations significatives un peu partout et le peu de défauts que je peux retenir au final me font dire qu’on tient là le plus gros point fort du jeu mais c’est pas le dernier.
SCENARIO / NARRATION : 7 / 10
Si le scénario et la narration étaient ce que j’avais le moins aimé dans le premier opus et ce sur quoi j’avais le plus d’appréhensions pour cette suite, mon avis est ici radicalement différent et pour le meilleur. Ce qu’on peut expliquer par le changement de scénariste avec l’arrivée de Joshua Ortega qui n’avait pas participé à l’écriture du précédent Gears. On a une bien meilleure intro avec présentation du conflit entre Locusts et humains, des enjeux qui en découlent, des questions que cela pose pour la suite... ce qui permet de se lancer dans l’aventure en ne se posant pas plein de questions élémentaires restant sans réponse comme ce fut le cas auparavant.
Sans que ça ne devienne d’une grande profondeur avec un univers très riche en thématiques, dialogues, niveaux de lecture... c’est tout de même plus consistant et mieux expliqué sans s’imposer péniblement à celui qui n’en aurait rien à faire. C’est bien cet état d’esprit que démontre des nouveautés comme les petits textes écrits à trouver pour en apprendre plus, si ça t’intéresse ça enrichit et ça améliore ton expérience de jeu, si ça ne t’intéresse pas ça ne te dérange pas vu que c’est totalement facultatif et que l’histoire reste parfaitement compréhensible et cohérente sans cela.
Un autre aspect réussi c’est que malgré tous ses défauts, ils ont réussi à intégrer les événements de Gears 1 pour offrir un petit twist à tout ça et à rendre ce qui s’y est passé, notamment lors de son final, plus intéressant et plus important que ce que je pouvais penser. Rien que ça c’est un petit tour de force que je reconnais vu que ça aurait été plus facile je pense de repartir presque de 0. Le revers de la médaille c’est que ça implique de faire le 1 pour bien s’en rendre compte mais on a rien sans rien et bien qu’il m’ait déçu, ce n’est pas non plus une purge. Donc que Gears 2 reprenne là où le premier s’était arrêté n’est pas un mal une seconde, bien au contraire.
Les personnages sont plus travaillés, on distingue mieux leur personnalité, leurs motivations... Dom et Maria apportent par exemple un côté dramatique et mélancolique qui parvient à être efficace sans complètement trahir l’état d’esprit très bourrin voulu par le premier épisode. Des personnages inédits permettent de bien mettre en valeur les anciens comme Carmine, la nouvelle recrue qui est là pour montrer à quel point on incarne des vétérans endurcis aussi bien pour massacrer les Locusts que pour avoir la répartie cinglante lors de joutes verbales bien amusantes.
La plus grosse réserve sur le scénario que je pourrai avoir ça serait qu’ils s’en gardent un peu trop sous le coude pour le troisième épisode, qui en plus n’y répondra pas forcément mais ça c’est un problème relevant de Gears of War 3. Ils mettent en place des pistes scénaristiques qui font comprendre qu’il y a anguille sous roche sans que ce ne soit développé dans cet épisode-ci, ils nous refusent l’affrontement avec le principal antagoniste pour seulement affronter un de ces larbins sans trop se donner la peine de le justifier scénaristiquement... Je comprends tout à fait cette envie de préparer la suite mais ça rend la fin un petit peu frustrante tout de même.
CONCLUSION : 8 / 10
Tellement, mais tellement mieux que son aîné, Gears of War 2 est plus qu’une suite améliorant un peu une formule, il la reprend telle qu’elle est de base et la sublime bien plus que je ne le pensais possible vu les réserves que je lui avais émises et tout ça en seulement 2 ans à une époque où le TPS n’était pas encore tout à fait à son apogée dans la septième génération de consoles. Il s’agit de l’une des exclues les plus solides de la Xbox 360 et un incontournable pour son genre et de sa génération.