En voilà un jeu qu’il est dur à noter ! Il y a tellement de choses dans Guild Wars 2, tellement de critères à prendre en compte que vouloir en donner une note objective me semble bien compliqué. Pour cette raison, ce 8/10 (modif : 9/10 après de très nombreuses heures de jeu. GW2 garde ses défauts mais je les tolère) est davantage à prendre comme un ressenti global, très bon dans l’ensemble pour un jeu qui s’est attiré de nombreuses critiques de la part des joueurs. Je vais donc tenter de dresser un portrait le plus détaillé possible du soft, à travers trois axes qu’il me semble nécessaire de discuter.
I. CASUAL OR NOT CASUAL ? (Difficulté, gameplay et trinité)
Je commence donc avec ce qui est le plus fréquemment reproché à GW2. S’agit-il d’un jeu casual comme beaucoup le laissent entendre ? Autant vous l’avouer tout de suite, cette étiquette est plutôt légitime, et pourtant ça m’a couté de l’admettre au départ. Finalement, la facilité de ce jeu ne se ressent pas immédiatement, la phase de leveling est bien gérée, proposant une difficulté correctement dosée. Pourtant l’annonce d’une progression linéaire et non exponentielle comme dans la majorité des MMO (comprenez par là que le temps de jeu nécessaire au gain de niveau n’est pas plus important à haut lvl qu’à bas lvl) présageait déjà d’une baisse relative de la difficulté. Mais c’est une fois arrivé au niveau max qu’on se rend réellement compte que GW2 ne propose pas une difficulté extrême, notamment en PvE (Joueur contre Environnement). Le meilleur équipement se farm aisément et de diverses manières, on arrivera alors rapidement à créer un perso optimisé. Seul le craft des armes légendaires présentera un petit défi, mais celles-ci ne sont que cosmétiques. Le contenu HL (Haut Level) n’est pas pauvre comme on l’entend régulièrement, mais limité en intérêt. Par exemple, sur les 8 donjons proposés, il n’y a que le dernier qui demandera une réelle coordination de groupe, là où les autres se font encore avec une relative facilité.
Le jeu n’offre-t-il donc aucun challenge ? Il ne faut pas exagérer. Les joueurs les plus assidus pourront se retrouver en PvP (Joueur contre Joueur) et se confronter les uns aux autres en tournois pour faire rivaliser leurs compétences respectives. Les dernières mises à jour ont également introduit un peu de difficulté dans le PvE via les Fractales par exemple. Il s’agit de donjons plus complexes que ceux de bases, car ils vous propulsent d’abord dans une map aléatoire à laquelle il faudra vous adapter, et parce qu’ils augmenteront en difficulté à chaque fois que vous les finirez. Le McM (le Monde contre Monde dans lequel des serveurs entiers s’affrontent) propose également une certaine difficulté, lorsque l’on a vu des groupes de 20-25 joueurs rouler sur d’autres d’une cinquantaine de joueurs, c’est que la stratégie et la maîtrise de sa classe entre en ligne de compte. Donc s’il faut admettre que le jeu ne propose globalement pas un gros challenge, il est tout de même possible d’y trouver son compte.
En termes de gameplay, GW2 fait dans l’originalité, introduisant notamment un système d’esquive qui apporte de la fraicheur au genre. Un système qu’il vous faudra prendre en main rapidement car, dans ce jeu, l’esquive c’est la vie ! Couplé à la possibilité de changer d’arme lors des combats, les affrontements gagnent beaucoup en dynamisme et sortent du cadre simplet des MMO qui consistent trop souvent à taper avant de se faire taper soi-même. Un jeu qui requiert donc une certaine réactivité, et qui ne fait pas partie de ces MMO où l’on se contentera uniquement d’un bête clique de souris alors que notre cerveau sera posé un peu plus loin. Les compétences sont intuitives et agréables : une auto-attaque suivant l’arme que vous utilisez, et 9 plus spécifiques en fonction de votre classe/arme dont une de soin et une « élite » plus puissante que les autres. « Quewah ?! Une compétence de soin pour chaque classe ?! », vous entends-je hurler avec indignation. Eh oui, pas de healer, tank ou DPS dans ce jeu. Chaque classe se veut plus polyvalente même si certaines s’avèrent plus ou moins orientées, ceci dans le but de permettre une prise en main plus efficace.
Cette disparition de la Trinité est-elle une mauvaise chose ? Oui et non selon que vous soyez hardcore gamer ou casual justement. Si vous aimez jouer en groupe à haut niveau, ce changement risque de ne pas vous plaire car les synergies entre personnages sont de ce fait moins nombreuses, tout comme les stratégies de groupe si chères à d’autres MMO. En revanche, si vous jouez souvent en solo ou entre potes mais pas forcément à très haut niveau, ce système fonctionne vraiment bien car la nécessité d’un healer ou d’un tank ne se ressentira pas autant. Chacun apportera alors sa pierre à l’édifice avec sa propre façon de jouer, car GW2 propose des gameplays très variés suivant les classes.
Bref, dans son soucis d’attirer un public toujours plus important, ArenaNet a fait le choix parfaitement assumé d’orienter GW2 dans une veine plutôt casuale et de ne pas défavoriser le joueur solo. Les hardcore gamer peuvent donc légitimement se sentir frustrés car ils auront sûrement vite fait le tour des quelques défis que propose le jeu. GW2, un jeu casual ? Oui. GW2, un jeu mauvais ? Certainement pas ! Seulement il s’adresse à un autre public, plus occasionnel, ou qui souhaiterait simplement découvrir le genre MMO. Et faisant moi-même parti de ce public qui, avec le temps, s’est blasé de la difficulté dans le jeu vidéo, qui joue désormais davantage pour le plaisir que pour le challenge, je dois dire que j’ai pris mon pied ! Car GW2 s’avère être d’une incroyable richesse.
II. UN JEU D’UNE INCROYABLE RICHESSE ! (Technique, exploration et scénario)
Vous voilà prévenus. Si vous faites partie du public ciblé par GW2 ou que vous êtes simplement prêts à passer outre une difficulté pas forcément présente dans le jeu, cette partie est faite pour vous. Car GW2 demeure très complet, il sort définitivement du lot des innombrables MMO ou seuls comptent le farm et le bashing de mob (extermination de monstres à la chaine). Lorsque l’on débute, on nous propose un choix entre 5 races (Humains, Charrs, Norns, Asuras et Sylvaris), qui n’auront aucune incidence sur la façon de jouer votre personnage, puis 8 classes, qui à l’inverse, elles, conditionneront tout votre gameplay. Vous devrez donc choisir entre 3 classes d’armures légères (Elémentaliste, Envouteur et Nécromant), 3 classes intermédiaires (Ingénieur, Rôdeur et Voleur) ou 2 classes lourdes (Gardien et Guerrier), avec chacune leurs particularités. Il vous suffit alors de vous créer un avatar à l’aide d’un panel assez complet de visages, coupes de cheveux, et autres modifications et accessoires et hop ! vous voilà projetés dans le splendide monde de la Tyrie.
Et pour un MMO, GW2 s’en sort avec les honneurs en termes de graphismes (n’en déplaise à ses détracteurs), et profite d’une direction artistique du tonnerre. Les textures sont globalement bonnes si on a la machine qui permet de faire tourner le jeu de manière fluide en haute qualité. De même, les divers effets d’eau, et surtout de lumière, sont bien rendus et participent grandement à rendre cet univers magique. Entre décors médiévaux, technologiques ou naturels, vous serez littéralement dépaysés en traversant ce monde de long en large. Des forêts de la jungle de Maguuma, aux steppes d’Ascalon en passant par les plaines de la Kryte ou les montagnes des Cimefroides, GW2 vous fera réellement voyager. Le tout est mis en valeur par une bande-son sublime dont on reconnait la patte de Jeremy Soule (compositeur des The Elder Scrolls entre autre) qui a créé pour l’occasion de très nombreux thèmes d’une excellente qualité et qui s’accordent à merveille avec les lieux visités.
De très bons points lorsque l’on sait que l’exploration est l’un des principaux éléments du soft. GW2 jouit en effet d’un PvE fouillé et complet qui promet de longues heures de progression au sein de la Tyrie. Vous évoluez alors sur un terrain de jeu à la fois dense et immense qui propose des quêtes qui se veulent souvent plus originales qu’un simple « va chercher tel objet » ou encore « va tuer tel monstre », ce qui renouvelle l’expérience de jeu. En plus de ces quêtes, vous serez régulièrement confrontés à des événements dynamiques qui vous demanderont de remplir certains objectifs, enfin quelque chose qui sort des sentiers battus ! Ces événements apparaissent aléatoirement sur les maps et s’enchainent les uns les autres pour rendre le monde vivant. Par exemple, vous pourrez au cours de votre périple passer près d’un village attaqué par les centaures, il vous suffit d’aller le défendre pour participer à l’événement. Si vous échouez, les centaures prennent le village et un nouvel événement dynamique se lance pour le reprendre. Mais si vous réussissez, les centaures battent en retraite et c’est à vous de profiter de leur faiblesse pour attaquer leur avant-poste ! Un système très bien exploité, notamment dans les zones HL où ce sont 5 voir 6 événements qui peuvent s’enchainer à la suite.
Mais ce n’est pas tout ! Car l’exploration demande aussi de découvrir des panoramas, des lieux qui nous offrirons une vue d’ensemble de la carte et dont il faudra trouver l’accès pour finalement les atteindre au terme d’un petit parcours de plateforme. Eh oui, GW2 est un des rares MMO à intégrer une possibilité de sauter qui soit utile, et c’est cool. Et pour en tirer profit, les développeurs ont pensé à dissimuler des puzzles jump dans chaque map, des endroits cachés dans le monde qui recèleront des parcours de sauts sympathiques parsemés d’énigmes et pièges en tous genres au bout desquels on trouvera un butin. Une idée vraiment chouette qui apporte un peu de renouveau entre 2 chasses aux mobs.
Je me dois également de mentionner le scénario, car de ce point de vu, GW2 émerge une nouvelle fois de la masse. MMO oblige, il n’est ni original ni exceptionnel, mais il se laisse suivre, nous surprenant même parfois. Si le choix de votre race n’aura pas d’impact sur votre gameplay, il en aura cependant sur votre histoire. Et bien que chaque histoire finisse par se rejoindre à un moment donné pour aboutir à la même fin, le cheminement, lui, sera différent suivant que vous incarniez telle ou telle race. On note d’ailleurs quelques inégalités car l’histoire d’un Sylvari s’avère par exemple bien plus intéressante que celle d’un Humain. Mais globalement ça fonctionne plutôt bien. L’histoire se déroule dans des instances où vous seul serez présent (à moins que vous n’invitiez des amis) et la progression dans le scénario s’effectue par l’intermédiaire de dialogues qui bénéficient d’une bonne qualité de doublage (on pourra regretter malgré tout la voix un peu forcée des humains). On notera également que l’histoire nous proposera de faire certains choix qui modifieront votre expérience, le jeu bénéficie de ce fait d’une bonne rejouabilité et vous proposera de nombreuses quêtes différentes en fonction de vos choix.
Je finis cette partie en mentionnant deux points qui témoignent également de la richesse du soft. Tout d’abord le craft. Vous avez dans GW2 la possibilité de choisir 2 métiers parmi 8 (que vous pourrez changer par la suite moyennant finance) qui vous permettront de créer armes, armures, accessoires et bonus temporaires. Si certains considèrent que ces métiers sont des « gouffres à thune », vous ne serez pas réellement confrontés à ce problème si vous prenez le temps de stocker les ingrédients et matériaux que vous trouverez lors de vos périples. Le second point à aborder est le McM, ce mode dans lequel 3 serveurs s’affrontent sur 4 cartes (une par serveur + une neutre où les joueurs se battront pour prendre le château central). En McM, il faudra faire place à la stratégie de groupe dans des batailles faisant intervenir de nombreux joueurs à la fois, ou vous pourrez choisir de jouer les filous pour prendre les camps aux ennemis par petits groupes. Un mode de jeu qui nécessite une bonne configuration informatique pour pouvoir en profiter, mais qui s’avère grisant si vous avez la chance d’être mené par un commandant de qualité !
C’était la volonté d’ArenaNet de proposer un jeu complet, et le pari est réussi. Ce qui est d’autant plus vrai que les mises à jour sont régulières comme nous le verrons dans la dernière partie.
III. LA POLITIQUE D’ARENANET (Modèle économique, mises-à-jour et communication)
Une dernière partie donc sur la politique d’ArenaNet qui est à la base même des particularités de ce MMO. Une politique qui a plusieurs facettes, certaines positives, d’autres pas.
Comme mentionné dans la première partie, ArenaNet s’est fait d’une priorité d’attirer un maximum de joueurs sur son nouveau GW. Tout a été fait dans ce but, notamment la difficulté revue à la baisse. Et c’est surement ce qui leur a fait prendre une décision d’importance : GW2, comme son prédécesseur, est un jeu SANS abonnement ! Et pour le contenu qu’il propose, on ne peut que saluer cette décision. À l’heure où l’énorme majorité des MMO demandent de payer un abonnement (avant de passer en Free-to-Play pour beaucoup qui ne font pas le poids face au géant qu’est World of Warcraft), GW2 ne vous demandera que d’acheter le jeu pour bénéficier de tout son contenu. Un modèle économique fort agréable, d’autant plus que l’hôtel des ventes dans lequel vous pourrez dépenser de l’argent réel ne propose que du cosmétique ou de petits accessoires sans importance. Pas d’inquiétude donc, car vous n’aurez rien à débourser pour profiter d’un confort de jeu optimal.
Une autre volonté affichée d’ArenaNet est de garder un nombre de joueurs constant en proposant des mises-à-jour régulières. Vous verrez donc le monde changer régulièrement lors de périodes particulières telles qu’Halloween ou Noël, mais également tout au long de l’année. En effet, c’est par l’intermédiaire des histoires vivantes qu’ArenaNet nous propose une mise-à-jour au minimum une fois par mois. Du contenu plutôt sympa, qui étoffe sans cesse le jeu mais qui a le don d’énerver parfois. Eh oui, car la majorité de ces màj sont des contenus temporaires, qui sont le plus souvent condamner à disparaitre à la fin de l’événement. Une aberration quand on voit la qualité de certains contenus franchement sympas (le Bazar des Quatre Vents par exemple, une carte très originale proposant de nombreuses activités diverses et variées) qui se voient retirés par la suite. Un système qui oblige le joueur a rusher les màj de peur de les voir disparaitre avant de les avoir finies. Tout simplement frustrant ! Le problème, c’est que ce comportement est tout à fait incohérent par rapport au public visé par ArenaNet. Le joueur casual ne passe pas son temps devant son PC, et c’est une véritable frustration de constater que lorsque l’on revient sur le jeu après deux petites semaines d’absences, on a raté un contenu qui avait l’air sympa. On peut comprendre que les scénarios nécessitent d’être présent à un moment donné, mais ces maps, ces donjons, ces mini-jeux… Tous ont bel et bien été créés. Pourquoi diable les retirer après un certain temps plutôt que d’en faire profiter tout le monde de manière permanente ?!
À la liste des màj frustrantes, on trouve également ce besoin irrépressible de proposer des items plus puissants que ceux déjà implantés dans le jeu. Vous finissez votre armure complète de dernier niveau pour vous rendre compte qu’elle sera obsolète à la prochaine màj. Le problème, c’est que dans beaucoup d’entre elles, on a l’impression de devoir réapprendre à jouer, de devoir se remettre à la page, et c’est parfois bien lourd. Un point de vu mitigé donc vis-à-vis de ces màj qui, en restant d’assez bonne qualité, nous obligent à les rusher parce qu’elles sont temporaires, nous empêchant simplement d’en profiter pleinement.
Un autre point sur lequel la politique d’ArenaNet est critiquable, c’est incontestablement son absence de communication, et son mépris apparent des joueurs. J’en veux pour preuve l’épisode de Décembre 2012 à Février 2013 pendant lequel de nombreux joueurs se trouvaient dans l’incapacité totale de jouer durant les heures de pointe (de 18h à 22h). Une latence monstrueuse (dépassant parfois la minute !!), des lags et autres déconnexions intempestives persistaient pour les courageux qui souhaitaient continuer. La raison ? Et bien on ne l’a jamais réellement connue, ArenaNet se contentant de répondre « c’est pas not’ fautes » face à l’agacement des joueurs. Que le problème vienne d’ArenaNet ou des fournisseurs d’accès internet (Orange en l’occurrence qui aurait bridé les connexions), toujours est-il qu’une masse de joueurs conséquente s’est trouvée dans l’impossibilité de jouer à un GW2 qu’ils ont pourtant acheté, et ce 4-5 heures par jour pendant plus de 2 mois ! Des joueurs impuissants qui se sont heurtés à un mutisme lamentable de la part des deux partis. Noter que si le problème a fini par être résolu, les joueurs de chez Orange continuent d’être embêtés occasionnellement, notamment les 2-3 jours suivant la sortie d’une màj lors des heures de pointe. Vous êtes prévenus.
CONCLUSION
En conclusion, Guild Wars 2 est un MMO qui sort des sentiers battus, différent de ce à quoi nous a habitué le genre. On peut comprendre que les puristes n’y trouvent pas forcément leur compte, car le jeu s’adresse à un autre public, plus occasionnel. Le soft est en revanche loin d’être mauvais. D’une richesse incroyable, il innove en nous proposant un gameplay dynamique, de nouveaux modes de jeu et un scénario franchement sympa. Mais sa véritable force, c’est de nous plonger dans son univers magique, promettant un véritable dépaysement grâce à son ambiance et son background. Un jeu qui n’est cependant pas exempt de défauts, notamment cette communication d’ArenaNet et ces mises-à-jour pas tout le temps pertinentes. Pour ces raisons, j’ai longtemps hésité entre mettre un 7 ou un 8 à GW2, puis je me suis dit : « Si j’ai passé plus de 900 heures sur ce jeu, c’est quand même qu’il vaut le coup ».