La grande offensive, une grande extension

Alors que la franchise Call of Duty vient tout juste de naître, Activision ne tarde pas à voir son potentiel de ventes pour l’exploiter au plus vite. Ainsi, avant la suite tant attendue vient l’extension par un autre studio : Gray Matter Interactive qui venait alors de rencontrer un petit succès avec une autre franchise culte du FPS : Return to Castle Wolfenstein. Bien loin des DLC excessivement pauvres en contenu qui pourront ternir l’image de la série dans les années à venir, United Offensive se présente comme une extension quasiment aussi riche que le jeu original, voyons s’il est aussi capable d’y être à la hauteur.

Dès les flocons de neige sous les arbres des Ardennes on sent bien le soin apporté aux nouveaux environnements qui ne sera que confirmé au fil des paysages européens aux ambiances toutes différentes et particulièrement marquées. Foulant le sable sous le soleil sicilien ou piétinant dans la boue sous les pluies de Koursk, United Offensive profite d’une véritable identité visuelle sans s’écarter du soucis d’authenticité des champs de bataille historiques et sans jamais recycler les environnements de la première campagne, même pas un peu. Et comme on reste autour des environnements originaux, on reste aussi dans le cadre propice à l’extension afin de laisser l’opportunité à la suite d’explorer d’autres théâtres d’opérations et donc encore d’autres environnements, c’est vraiment parfait.

L’extension se permet permet même quelques améliorations visuelles, notamment autour des effets de fumée beaucoup plus détaillés. Mais là où les développeurs ont le plus redoublé d’efforts à mon sens c’est en poussant encore plus loin le grand spectacle, et ce n’était vraiment pas une bataille gagnée d’avance. Toujours plus de troupes en mouvement, toujours plus d’explosions dans tous les sens, toujours plus de scripts nous propulsant au cœur de l’action… l’artillerie lourde est déployée et ça se sent. C’était prévisible, certains diront même un minimum pour une franchise qui se vend sur cet aspect, mais je ne pensais pas que ça serait à ce point et avec autant d’idées nouvelles.

Ces dernières reprennent encore une fois assez habillement des idées de mise en scène d’œuvres contemporaines américaines comme Band of Brothers mais aussi d’œuvres classiques comme les canons de Navaronne, décidément les références de ce premier Call of Duty me parlent. Les nombreuses cinématiques avec le moteur de jeu compilent très bien tous ces grands moments et offrent des points récapitulatifs à la fin de chaque campagne que je trouve assez plaisant. Je vais tout de même chipoter, certaines d’entre elles prennent peut-être la place de séquence de jeu, comme lorsque l’arrivée des renforts à Kharkov est intégralement en cinématique plutôt qu’en jeu, mais c’est bien peu de choses.

Si le maniement est identique, malgré tout de même le petit ajout sympathique de la possibilité de sprinter, le gameplay n’est absolument pas un copier-coller. Entre les mitrailleuses à déployer librement, les jumelles orientant les tirs d’artillerie, les différentes variétés de lance-roquettes et le lance-flammes, les nouvelles armes lourdes au maniement bien particulier renforcent assez bien l’arsenal à disposition qui est également complété par d’autres armes feu de l’époque. C’est d’autant plus réjouissant que tout ceci profite du même travail qualitatif quant au sound-design, mention spéciale aux petits bruitages du Gewehr 43 que je trouve particulièrement satisfaisants à chaque coup de feu ou recharge.

Je ne vais pas trop m’appesantir sur les ajouts de l’extension pour le mode multijoueur qui ne m’intéresse pas trop personnellement, mais il est tout de même à noter que là-aussi des efforts conséquents ont été portés. Parmi ceux-ci, j’en vois 2 majeurs : le nombre de cartes a quasiment été doublé et le mode domination s’est joint aux modes de jeu. Encore une fois, cette générosité est notable et souligne d’autant plus les abus qu’Activision se permettra par la suite de la saga, distillant au compte-goutte, recyclant… ses contenus additionnels.

La victoire n’est pas totale non plus pour Gray Matter Interactive. Il y a quelques scripts qui ne fonctionnent pas parfaitement, comme lorsqu’une mitrailleuse bloque le passage et que le jeu attend qu’on la dégomme avec une arme lourde prévue à cet effet, j’ai personnellement choisi de déloger à la grenade l’allemand qui l’utilisait, mais la progression était bloquée tant que je ne prenais pas l’arme lourde pour détruire la position et enclencher le script suivant alors qu’il n’y avait plus aucune raison de le faire. Ça se ressent aussi dans le level-design et le comportement allié qui peut nous pousser à découvert et provoquer notre mort en difficulté élevée, le genre d’erreurs que je n’ai pas vu dans la campagne originale.

Si on retrouve sans surprise certaines qualités de la première campagne avec un rythme maîtrisé avec des séquences de jeu variées... Certains problèmes du jeu original sont répétés, comme les séquences où l’on dépend un peu trop du comportement allié pas toujours optimal, l’ordre assez aléatoire des missions dans la chronologie des événements… D’ailleurs, quel dommage qu’il n’existe pas une édition complète de Call of Duty mêlant le jeu original et cette extension avec la possibilité de trier les missions par ordre chronologique ou par faction. Mais vous voyez que tous ces reproches ne sont pas bien méchants.

Call of Duty United Offensive enrichit considérablement l’expérience de jeu proposée par le premier opus en reprenant ses forces, en y ajoutant de nouvelles et en se montrant généreux en contenu. Ses quelques fausses notes comparé au niveau de maîtrise d’Infinity Ward a fait preuve l’an passé ne sont que bien peu de choses face aux nouvelles armes avec lesquelles il nous permet de plonger au cœur d’une action toujours plus spectaculaire en étant à peine moins long que le jeu original. Mais après ce premier jeu et cette extension, Activision a encore une autre cartouche à tirer avant la suite, le portage sur consoles.