Crescendo aux Seigneurs de l'Ombre
Oblivion - Sempiternum - Daemonis
Plébiscité dès sa sortie comme un chef d'œuvre d'action gothique, Lords Of Shadow est le reboot le plus percutant des dernières années, véritable renaissance en or de la mythique série des jeux vidéo Castlevania.
Comme souvent, la première impression ne fut pas la bonne; découvrant peu de temps avant la sortie du jeu un univers repris par un studio européen, une histoire chamboulant la saga de Konami et surtout un héros à carrure de rugby man; bien loin des magnifiques artworks de chasseurs de vampires sveltes et élégants qui ont fait la renommée d'Ayami Kojima.
Que cela aurait été dommage de s'arrêter à ce pressentiment !
Les espagnols de Mercury Steam nous ont non seulement livré un beat them all à l'ambiance puissamment immersive, mais aussi un soft qui s'inscrit dans la continuité des sombres Castlevania. Car malgré la rupture de level design, nombre de références à la série sont ainsi présentes: le thème du vampire killer (bien caché), les noms tel que Agartha, Cornell, Carmilla, l'artisan Gandolfi… et bien sûr le fouet mythique de la saga, transformé ici en une croix de combat dévastatrice.
En outre, l'ambiance est proprement fascinante. Ce que la dark fantasy a fait de mieux depuis les 15 dernières années: des villages gelés en proie aux créatures de le nuit, des forêts merveilleuses, des bois maudits, des cités millénaires en ruine, d'inquiétants crépuscules, et bien sûr d'immenses châteaux noirs rayonnants au clair de lune.
Un voyage féérique dans un monde à l'agonie, dépérissant dans autant de natures magnifiques que de paysages de cauchemar, mêlant mythologie biblique et polythéiste (tel la présence de Pan).
Tout cela peuplé de terrifiants wargs, gobelins, lycanthropes, nécromanciens, goule, ogres, vampires (les vrai hein, pas les chippendales de Twilight), et tout un bestiaire des plus fantastique dans ce jeux d'action viscéral.
Certes l'inspiration ne se cache pas: un émincé de Devil May Cry, un zeste de Shadow Of The Colossus, une dose de God Of War, une pincée de Dante's Inferno… Les similitudes sont multiples. Néanmoins, Lords Of Shadow se démarque largement pour ne pas être taxé de copie, notamment du point de vue de son ambiance et de son scénario prenant:
Compté tel une fable épique à travers un ancien grimoire, la narration de l'épopée de Gabriel nous plonge dans une lente voie vers la damnation. Ce héros qui, à la différence de sociopathe tels que Kratos, parle très peu; mais muselle ses souffrances sous une armure de haine, se persuadant que la rédemption pour ses actes est possible alors même que son destin est condamné.
Pour toutes ces raisons, et pour le twist final à vous en retourner la mâchoire, je ne peux que vous encourager en tant que gamer à suivre cette sombre aventure. De surcroît, le scénario vaut autant que l'action:
Lords of Shadow dispose d'un gameplay exigeant, où la maitrise de toutes les techniques et esquives demandera concentration et habilité; sachant que le jeu ne vous fera pas de cadeaux même dans les niveaux de difficulté les plus modestes. Semblant au départ assez pauvre, l'éventail de combos viendra s'enrichir d'une multitudes de techniques à la croix de combat -comme celles de ténèbres et de lumière-, chacune ne devant être utilisées que dans des situations spécifiques. Complétez cela avec des QTE des plus sauvages, et le gameplay de ce beat'em all ne vous laissera pas indifférent.
Presque sortis de nulle part, Oscar Araujo a composé pour Lords of Shadow une symphonie de musiques excellentes, variant entre épique et mélancolique avec perfection. Il rejoint ainsi le cercle très fermé des compositeurs de musiques de jeux à succès, encore plus rares chez nous autres européens.
Les défauts ne concerneraient que la non-pertinence des DLC (surtout le 2ème) encore que cette tare se retrouve chez la plupart des soft qui veulent vendre du contenu optionnel à moindre coût.
Quiconque a apprécié cette production à succès ne peut qu'attendre avec impatience la conclusion épique de la saga des Lords of Shadow, prévue en février.
Cinglante réussite