Children of Mana par HarmonySly
Il y a quelques temps de cela, dans la contrée assez lointaine de l'île Illusia, prônait fièrement l'arbre de Mana, source de la vie. Lors un gigantesque cataclysme se déclencha, et un couple de héros partit à l'aventure pour casser la tronche aux méchants. Bon ça, tout le monde connaît. Seulement quelques années plus tard (bon, beaucoup plus tard en fait) le mal se répandit une fois de plus dans la contrée, car l'arbre de Mana était corrompu par le mal. Comme en ces temps reculés la tronçonneuse n'existait pas encore, les villageois décidèrent d'envoyer quatre enfants innocents à leur place pour éradiquer ce mal à la racine.
Je vous l'accorde, on a fait plus original comme idée de départ pour un scénario. Mais bon on pardonnera volontiers à Square-Enix car ces gens-là ne nous ont guère habitués à des scénarios dignes de Paul Haggis ou Clint Eastwood. Heureusement Children of Mana enchante par de nombreux autres atours, entre autres par ses graphismes sublimes et par ses musiques sympathiques malgré l'inévitable niaiseté qui les caractérise. Dès le début de l'aventure, le jeu vous propose de choisir entre quatre personnages aux caractéristiques bien différentes. Une fois ce choix fait (en plus de la couleur de votre tunique), le joueur se retrouve propulsé dans l'aventure, moyennant quelques dialogues un peu chiants au village. Outre l'interface mal conçue, moche et n'utilisant aucunement les fonctions tactiles de la console de Nintendo, la première chose que l'on remarque quand on joue est la beauté des décors et l'excellente intégration des sprites 2D. Le tout est très propre, coloré et fluide, surtout juste après un Yoshi's Island qui était un peu fade sur ce plan.
Reste le problème numéro 1 auprès de nombreux joueurs: Children of Mana ne se veut aucunement successeur du mythique Secret of Mana, ce n'est d'ailleurs pas l'ambition affichée par les développeurs, nettement plus portés sur le hack 'n slash à la Shining Soul. Est-ce une tare pour autant? Oui et non, car ce que l'on gagne en plaisir de jeu sur le court terme, on le perd au bout de quelques heures de jeu. Le véritable problème du jeu est qu'il est tout sauf alambiqué, les amateurs de Diablo en auront donc pour leur compte, mais pas les fidèles de l'action-RPG à la Japonaise. Peu de mise en scène, pas de déplacement sur la carte (ce qui est à mon goût une bénédiction, cependant je doute que de nombreux joueurs soient de mon avis), et une dizaine de donjons (on parlera de charte graphique ici) générés aléatoirement en fonction de la quête en cours. Une formule qui rappelle en effet beaucoup Shining Soul.
Le problème de ce dernier est que l'on passait la plupart de son temps à arteler la touche A pour se débarasser des monstres stupides qui peuplaient les niveaux. En ce qui le concerne, le problème de Children of Mana est qu'il ressemble trop à Shining Soul. On ne peut pas reprocher aux développeurs d'avoir voulu apporter un certain contenu au jeu, de ce côté-là CoM se révèle correct avec quatre armes principales (l'épée, le fouet, l'arc, le marteau) évolutives par le biais de gemmes magiques (heureusement qu'elle le sont d'ailleurs, sinon on se battrait avec de vulgaires cailloux), tout comme les invocations, qui vous apportent au choix un sort d'attaque ou une incantation de soutien. En plus de cela, il est possible d'apprendre des enchaînements spéciaux et des fusionner de gemmes entre elles pour obtenir des résultats convaincants. Malgré cela, on passe le plus clair de notre temps à balancer le combo classique contre chaque monstre à l'écran, et les respawns abusifs ainsi que la débilité latente des ennemis n'aident pas trop à sortir de cette routine. De fait le rythme soutenu du démarrage se transforme progressivement en mollesse, heureusement le jeu se révèle suffisamment court pour ne pas carrément emmerder le joueur avant la scène finale.
Heureusement le jeu a été pensé pour le multijoueur, et c'est là qu'il prend toute sa saveur. Seul, Children of Mana se révèle rapidement gavant, et ce malgré une histoire bien menée sans être extrêmement pompeuse (exit les dialogues à rallonge), mais à plusieurs le titre dévoile tout son potentiel. Bien que les quêtes se jouent en coopération, il y a un véritable esprit de compétition qui s'installe entre les joueurs, car le premier arrivé à la fin du niveau remporte une récompense spéciale. Dans ces conditions, on ne se gênera pour balancer discrètement un coup de massue (que l'on a bien évidemment améliorée spécialement pour l'occasion) sur ses camarades, histoire de se goinfrer plus de monstres. Jouable de deux à quatre joueurs, le mode coopération se révèle très classique dans son approche, mais est suffisamment bien pensé et efficace pour passer une soirée dessus. Le principal problème, c'est que Children of Mana ne propose ni de mode en ligne ni de game sharing, ce qui est vite gênant si l'on n'a pas un ou deux potes possédant le jeu sous la main.
Bref, Children of Mana est un jeu en demi-teinte. Titre sympathique si l'on fait exception de son appartenance à la lignée des Seiken Densetsu, le jeu ne s'en révèle pas moins chiant passées quelques quêtes. Et le mode multijoueur, censé réhausser l'intérêt du jeu, peine à accomplir sa tâche sur une difficulté certes matérielle mais néanmoins omniprésente: la nécessité d'avoir plusieurs cartouches. En fait, par de nombreux aspects Children of Mana me fait penser à Monster Hunter Freedom, qui pêchait par les mêmes défauts (malgré une certaine qualité globale), de même le titre aurait pû tout aussi bien sortir sur PSP puisque de toutes façons les capacités tactiles de la DS ne sont pas utilisées. Une semi-déception en sorte, puisque l'on se rend compte que l'on aurait pû attendre mieux, un peu comme un Big Mac en fait.