Temps de jeu : 40 heures
Mon premier Donkey Kong Country
Test rédigé pour Le Red Blog [#12]
Près de quinze ans, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour accueillir un nouvel opus de Donkey Kong Country. Paru le 21 novembre 2010 sur Wii, il faut bien avouer que l’attente fut longue pour les fans de la série. Exit Rare, c’est désormais à Retro Studios qu’appartient le devoir de conter la légende du plus célèbre primate vidéoludique de l’histoire. Pour le meilleur ?
Pas juste là pour singer
Quand le roi de la banane ne se démène pas dans une aventure de plateforme 2D, il en profite pour s’essayer à des jeux de rythme ou de course. Et alors qu’on le pensait définitivement noyé dans l’ombre de Mario, la Wii signe un reboot de la série principale, lequel n’a pas à rougir de ses prédécesseurs, notamment sur le plan artistique. Quand bien même la machine ne brille pas par ses capacités technologiques, le jeu lui, promet huit environnements différents et de sacrés panoramas, allant de la traditionnelle jungle en passant par la plage ou encore une usine. Si les jeux de caméra apportent un certain dynamisme dans la progression des niveaux, il faut surtout souligner les somptueuses trouvailles visuelles, à l’instar des couchers de soleil donnant aux niveaux des airs d’ombres chinoises. Que dire également de la bande-son, tantôt jazzy, tantôt atmosphérique, si ce n’est qu’elle se montre fascinante et offre au jeu un ton unique ?
Il faut dire que Retro Studios – les mêmes qui ont bossé sur les Metroid Prime – a fait du très bon boulot. Les animations, le sound design et la fluidité du titre sont parfaitement maîtrisés, ne ternissant jamais le plaisir des yeux et des oreilles jusqu’ici acquis. Mieux encore, les Texans se sont montrés tout aussi solides sur le game design du titre. On pourra évidemment soupirer sur le rythme plus lent ou la physique plus pataude que les opus SNES, reste que dans l’ensemble, les mécaniques de jeu et la progression dans les niveaux se montrent grisantes une fois le titre bien pris en main. Le level design est intelligent, offrant un challenge certain, quoique jamais trop difficile, exception faite pour les niveaux en chariot ou en tonneau-fusée – une petite nouveauté de l’épisode. Les sauts y sont précis, les pièges nombreux et fourbes, tout comme les secrets à récolter pour quiconque viserait le 100%. Seuls le quatrième et le dernier monde – à savoir celui de la mine et du volcan – se montreront particulièrement retords, voire frustrants, tant ils demanderont certainement de mourir une fois ou deux pour comprendre le script du niveau visité.
Un rhino, ça rosse
Malheureusement, Donkey Kong Country Returns n’est pas parfait. En tant qu’épisode reboot de la série, il est tristement étonnant de ne pas retrouver un seul niveau aquatique tout du long de l’aventure. Une surprise qui poussera même le connaisseur à se jeter, inconscient du danger, dans la mer du second monde – il n’y trouvera que la mort, au final. Pis encore, en plus des environnements sous-marins, les animaux se voient également retirés de la série, en dehors de Rambi le rhinocéros, lui-même bien trop souvent mis de côté. En résulte une certaine redondance qui pourra nuire au plaisir des fans ou de ceux qui n’apprécient pas particulièrement les jeux de plates-formes. Un défaut qui ne se verra pas balayer par des boss en demi-teinte, oscillants entre des patterns profondément classiques et des designs clairement anecdotiques. Enfin, les réfractaires au motion control seront ennuyés par leur présence (inutile), lesquels vous demanderont de secouer votre manette pour frapper le sol.
Conclusion
Avec l’absence de niveaux aquatiques et de phases animales, la présence de boss oubliables et de motion control rentré au chausse-pied, ou encore d’une physique et d’un rythme foncièrement différents de ces aînés, il serait facile d’imaginer que les Texans de Retro Studios soient passés à côté de ce qui faisait le charme des Donkey Kong Country. Néanmoins, rien de tout ceci ne retire l’incommensurable plaisir que nous procure le jeu, tant son level design et son gameplay se montrent intelligents et grisants. Bourré de challenge, notamment si on vise le 100%, le dernier né de la série invite les amoureux de plates-formes à se dépasser pour profiter d’un voyage unique et magnifique. La maniabilité au poil et la fluidité de l’action à l’écran subliment un résultat plus que plaisant. Il ne sera pas rare de lâcher un ou deux jurons face à quelques morts injustes, un peu comme à l’époque de la SNES, mais est-ce réellement un mal ? Bien que perfectible, Donkey Kong Country Returns impose un respect féroce.