Hotline Miami est un bijou. Gore, nerveux, rythmé, malsain, électrique, jouissif... tant d'épithètes pourraient lui seoir. Pourtant, Hotline Miami n'est pas un jeu qui se décrit. C'est un jeu qui se joue. Bon, pour les besoins de cette critique je conviens qu'il faille faire entorse à la règle.
Étant très sensible aux ambiances criardes et sophistiquées, il m'a beaucoup séduit : l'action se déroule dans les eighties, à Miami. Le héros (ou plutôt l’antihéros) est un tueur à gages au nom inconnu, inexpressif, vêtu d'un blouson à la Ryan Gosling dans Drive. Son gameplay est simple mais diablement efficace. C'est ce genre de challenge die & retry, beat'em all hyper nerveux, où tu meurs mitraillé 80 fois au détour du même couloir mais sans jamais ressentir une quelconque frustration. La musique, véritable symphonie synthétique, y est pour beaucoup. En l'écoutant, tu ne joues pas. Tu t'oublies. Tu choisis un masque en début de niveau qui t'attribue une capacité spéciale. Tu entres. Tu exécutes sur ton clavier des commandes automatiques, par pur réflexe. Les entrailles de tes ennemis repeignent les murs d’hôtels délabrés, de night-clubs. Tu as finis. Tu sors. Dehors t'attends sagement ta DeLorean laissée sur le parking. Chez toi, il y a une junkie sous la douche. Tu ne connais pas son nom mais tu t'en contrefous. Tiens toi prêt et près du téléphone car demain, ça recommence.
J'ai tellement accroché à Hotline Miami, adhéré à son concept pourtant éculé, que j'y ai joué à m'en faire saigner les doigts. C'est une image, assurément, mais une image cohérente à parler d'un jeu où il pleut des litres d’hémoglobine. À bon entendeur, batte de baseball !