Lost Horizon est un pointer-cliquer de 2010 qui reprend beaucoup, BEAUCOUP d'éléments de l'univers d'Indiana Jones, et l'ironie est qu'il est produit par une boîte allemande.
Richard, un officier de l'armée de sa Majesté, est poursuivi par des nazis dans un monastère tibétain. Il se réfugie dans une salle fermée aux décorations étranges, utilise un artefact ancien et disparaît. On retrouve son ami d'enfance, Fenton Paddock, qui vivote à Hong Kong avec son avion. C'est un ancien de la coloniale britannique, et le père de Richard, officier à Hong Kong, lui demande de retrouver la trace de son fils. En délicatesse avec les triades, Fenton amène dans son sillage la mystérieuse Kim, fille d'un savant qui cherchait la route de Shamballah, cité mythique du Tibet. Mais nos jeunes héros se heurtent à des nazis.
Il y a d'incessantes allusions à Indiana Jones, que ce soit les films (le panneau pointant vers Berlin et Venise en plein Himalaya, "Les nazis, je hais ces types", une bagarre sur des camions, le détour par Berlin, une officier nazie très intelligente, etc.. etc...) que les jeux Lucasart (la coupe pleine de lave, le design des statues de Shamballah).
Les énigmes sont un peu frustrantes, jusqu'à ce qu'on comprenne comment ça fonctionne. Disons que la difficulté n'est pas toujours bien dosée, et que les solutions sont parfois tirées par les cheveux. Quelques-unes sont proches de la torture (mention spéciale à l'énigme des fils de batterie emmêlés), mais on finit par y arriver. Souvent, on bloque car on n'a pas vu un élément de décor. A noter que dans la dernière partie, presque trop courte, il y a un vrai défi, puisque les énigmes reposent sur un décalage temporel, un peu comme dans Days of the tentacle.
Le jeu s'adresse surtout à des nostalgiques qui voudraient y rejouer pour se rappeler de jeunes années, car il a deux points faibles aujourd'hui :
Des graphismes qui ont indéniablement vieilli. On parle d'une époque avant la motion capture pour les visages, par conséquent ce n'est pas toujours expressif. Certaines animations sont assez laborieuses ; par moment les cinématiques bricolent et jouent sur les ellipses. ça ne me gêne pas, car il y a un certain plaisir, mais le jeu manque de finition. Les décors sont très réussis, cela dit.
Le jeu est trop verbeux pour son propre bien. L'exposition se perd dans les détails avec la conviction que cela donne de la profondeur, mais le jeu vidéo 3D est plus proche du film que du roman. Cliquez sur quelque chose et le personnage débite un flashback remontant à ses grands-parents. ça ne marche pas comme ça : Show, don't tell, comme dit l'adage.
Enfin, le personnage central est davantage un petit rigolo qu'un gros dur à cuir. Son visage rappelle d'ailleurs davantage McGyver qu'Harrison Ford, et il y a des blagues "4e mur" qui reposent sur le fait que le héros met des choses improbables dans ses poches (bon, il faut dire qu'une chèvre, c'est un peu fort de café). C'est bien vu, mais le jeu hésite et on sent qu'il aurait bien aimé orienter un peu plus le jeu action, mais visiblement ce n'était pas la spécialité du studio.
A noter aussi que la version française est une espèce d'horreur comme j'en ai rarement vue. Et comme le jeu est verbeux, c'est très ennuyeux.
Au final, Lost Horizon est un jeu d'aventure à énigme sympathique mais terriblement daté.