Beaucoup de gens se demandent si Papo & Yo est un jeu qui vaut l'intérêt. À ces gens là, je répondrai un grand OUI !
Si le gameplay de ce jeu ne casse pas trois pattes à canard (on peut courir, sauter, enclencher des interrupteurs, tirer des leviers et/ou déplacer des objets, etc...), surtout avec la possibilité de "marcher" qui est totalement inutile et handicapante, tout le reste est une montagne de merveilles d'une richesse absolue.
Commençons par le level design : Papo & Yo est un jeu de plate-forme / puzzle. Il s'agit donc de sauter d'un endroit à un autre, d'activer tel levier qui nous ouvrira une nouvelle voie, de revenir sur ses pas pour inverser un mécanisme enclenché précédemment, etc. Rien de bien incroyable. Mais ce level design s'agrémente d'une originalité tout à fait singulière grâce à la présence de deux personnages qui accompagneront le protagoniste (le petit garçon) tout au long de son aventure : Lulla, un petit robot accroché dans son dos, permettant de prolonger les sauts de base sous forme de mini jetpack ou d'activer des interrupteurs à distance, et le "Monstre", suivant la nourriture à la trace, dormant, ou jouant à la balle avec l'enfant. Si ce Monstre paraît doux et gentil tel un immense ours en peluche, il faudra s'en méfier. Qui sait ce qu'il se passera lorsqu'il avalera une grenouille ?
L'ensemble du jeu est basé sur ce lien entre le petit garçon et le monstre. On s'attache à ce colosse, et même lorsqu'il entre en furie, il ne peut que blesser notre personnage. Car dans Papo & Yo, il est "impossible" de mourir. Comme dans tout bon jeu de plate-forme il y a des gouffres sans fin, ou des étendues d'eau mortelles, mais tomber dedans n'entraîne qu'une réapparition à un endroit plus sûr.
Pour agrémenter ce petit résumé, je pourrais parler des graphismes plutôt bons pour un jeu indé, du character design simple mais parfaitement efficace et parlant, de la musique en symbiose avec le déroulement, etc... Tant d'éléments servant à ancrer le joueur dans un univers extrêmement personnel pour le créateur. Et c'est bien là la force du jeu : son créateur y raconte sa vie et nous invite à nous mettre dans la peau de l'enfant qu'il a été en vivant ses joies, mais surtout ses souffrances. Car derrière un univers semblant joyeux et coloré se cache un terrible secret. Plus le joueur progresse dans le jeu, plus l'univers devient sombre et se complexifie, jusqu'à la grande révélation finale qui laisse pantois, dévoilant la dure vérité sur la signification de chaque élément et petit détail du jeu.
Finalement, le monde de Papo & Yo nous donne l'impression d'être dans un film tel qu'Inception. Car plus qu'un simple jeu, il s'agit d'une narration dans laquelle nous sommes bien plus spectateur que joueur. Les très rares dialogues sont presques superflus, le game design se suffisant à lui-même. Nous agissons sur les rêves d'un petit garçon qui crée un univers avec son quotidien : un monde de bidonville que l'on transforme au gré de son imagination. Ce jeu est donc réservé aux personnes souhaitant voyager et découvrir un univers unique, fruit d'une mise en scène autobiographique somptueusement menée. Le seul défaut que l'on pourrait trouver à Papo & Yo est sa courte durée de vie, même si personnellement je la trouve quasi parfaite par raport à l'essence narrative de ce jeu.
En définitive, Papo & Yo est une pure merveille que je classe sans hésiter dans mon top 10 des meilleurs jeux de tous les temps (à la date où j'écris cet article). Attention : si vous êtes sensibles, ce jeu raconte une histoire vraie, et comme beaucoup d'histoire vraie, elle est pleine de souffrance et de tristesse, alors préparez les mouchoirs ! Et pour ceux qui veulent en rajouter une couche, je conseille le film Max et les maximonstres, présentant des similitudes frappantes avec Papo & Yo.