Ace Attorney est une série culte qui a créé des références cultes telles que le fameux « Objection ! ». Le premier épisode, développé par le studio Capcom Production Studio et produit par le fameux Atsushi Inaba, est sorti en 2001. Le jeu est un mélange de réflexion, de point and click et de visual novel. Il n’arrive sur nos contrées européennes qu’en 2006 à travers un remaster qui propose, en plus de nouveaux graphismes, un épisode 5 inédit. On y incarne Phoenix Wright, jeune avocat de la défense qui s’apprête à réaliser sa première plaidoirie. Les affaires vont s’enchainer. Wright va s’immiscer dans l’enquête de crimes qui le ramèneront souvent et indirectement à une affaire plus vieille encore. Dr House n’a rien inventé, tout le monde ment, victimes, témoins, accusés…
Le jeu se présente en deux phases. Une phase « enquête » durant laquelle le joueur va se rendre sur les lieux du crime, parler avec l’accusé, les témoins et autres personnes pouvant faire avancer l’enquête. Bien que ces phases soient agréables à jouer, par moment, on se retrouve bloqué, car on n’a pas montré un objet bidon à un personnage, parce qu'on n’a pas analysé un pixel précis ou parce qu’on n’a pas vu qu’une nouvelle discussion venait de se débloquer sans véritable raison. Alors, par moment, on tourne en rond pendant de longues minutes à naviguer entre les écrans et les analyses de zones. Néanmoins, on rencontre des PNJ faciles à caractériser et hauts en couleur.
La seconde phase de jeu se passe en tribunal, il s'agit des procès. Ici, un témoin vient à la barre et raconte sa version des faits, qui a souvent pour but d’accuser notre client. À ce moment, nous devons trouver des contradictions dans les témoignages pour pouvoir mettre dos au mur les témoins et ainsi aider notre client. Ce sont les moments les plus stimulants. On voit notamment Phoenix Wright et ses réactions burlesques. Il arrive qu'on ait envie de s’arracher les cheveux. Il faut par moment mettre en avant une preuve pour mettre en évidence une contradiction. Cette dernière qui ne saute pas nécessairement aux yeux du joueur. Alors, on est parfois là, à sauvegarder notre partie et à proposer des objets un peu au pif et à découvrir que de nouveaux dialogues font avancer le procès. En soi, ce point est logique, car même Phoenix Wright réagit instinctivement sans savoir où aller. Cependant, en tant que joueur, on ressent une espèce de roulette où l'erreur nous conduit à recharger notre sauvegarde jusqu'à déblocage. À d’autres moments, on pense trouver une preuve de la contraction, mais le jeu n’ayant pas prévu CETTE preuve, qui pourtant peut fonctionner, nous pénalise. De plus, autre problème dans l’écriture selon moi, toutes les histoires possèdent un point (ou plusieurs points) nébuleux que le jeu esquive. De ce fait, on n’interprète pas de la même manière les pièces à convictions et autres éléments. C’est plutôt frustrant. On hurle devant notre écran « Mais pourquoi personne ne dit ça ? ». Des fois ils le disent, mais plus tard, des fois ils l'esquivent. C’est toujours frustrant.
Le jeu fait preuve de beaucoup d’ingéniosité pour être dynamique malgré les décors inanimés et l’unique présence d’un sprite à l’écran. Pour commencer, visuellement, si ce ne sont pas les sprites qui bougent et clignotent, c’est l’écran lui-même. Les personnages sont vivants. Leurs mimiques, leurs réactions et autres expressions sont vivantes. Les personnages peuvent en enchainer plusieurs durant une seule bulle de dialogue. Le fait qu’on soit accompagné par Maya, qui intervient pour faire des commentaires, rend les dialogues plus fluides. Autrement, comme on ne voit pas Phoenix Wright, ce serait ennuyeux. Les mouvements de caméra durant les procès aident également. Ce n’est pas tout, l’aspect audio contribue aussi à rythmer les dialogues. On enchaîne de façon classique les musiques, mais aussi les silences. Le silence, c’est du bruit, ça marque un temps. En somme, la mise en scène fait bon effet. Ajoutez à cela les personnages hauts en couleur et l’humour qui surfe sur les réactions et les comportements déconnectés de la scène. C’est bien vu.
Quelques mots sur l’épisode 5. Déjà, c’est une histoire additionnelle qui ajoute plus d’une dizaine d’heures de contenu. On sent qu’il s’agit d’un épisode créé exprès pour la DS, même si par moment la narration va dans tous les sens. Les développeurs ont ajouté des mini-interactions avec les pièces à convictions pour étudier leurs modèles 3D. On peut également interagir autrement avec le décor. Les pièces à convictions sont plus interactives et originales. Ces bonnes idées rafraichissent le gameplay. Je ne m’attends pas à revoir de tels éléments dans le deuxième et le troisième épisode, car ils sont aussi sortis à la base sur GBA au Japon puis chez nous sur DS. Il n’échappe pas aux défauts cités plus haut. De plus, la durée parait trop étirée. Plus d’une dizaine d'heures, avec des enquêtes qui paraissent par moment interminables. Même si la tension est à son paroxysme, ça fait du bien quand ça se termine.
Bref, Ace Attorney : Phoenix Wright, c'est un peu Détective Conan version avocat dans un jeu vidéo. Le gameplay est un mix atypique entre différents genres et assez plaisant. On se laisse porter par le jeu. La plus grosse frustration réside dans le fait qu’on soit obligé de suivre l’itinéraire du jeu. Autrement, on est pénalisé. L’ajout de l’épisode 5 pour la DS est un contenu remarquable, car l’enquête est forte avec une vraie utilisation de certaines capacités de la console. Il me tarde de découvrir la suite de la licence et son évolution.