Même si je ne suis pas spécialement friand des jeux Rockstar en général, j'ai cependant de l'admiration pour leurs mondes et leurs personnages. En ajoutant le côté western, je m'étais dit que la pilule passerait donc très facilement. Pendant le premiers tiers du jeu, ce fut le cas. Malgré quelques bugs bizarres, des didacticiels pas toujours visibles et une interface pas formidable, la découverte du Grand Ouest, la création de liens fort avec certains protagonistes, les quêtes annexes parfois loufoques, la découverte de l'arsenal et la variété des tâches à accomplir ont réussi à me plonger dans l'histoire de John Marston. Pour mieux m'en faire totalement sortir dès qu'on se dirige vers le Mexique.
De la descente en radeau pourrie avec dix mille mecs à tuer jusqu'au retour en Amérique du Nord, je suis tombé dans un vortex de missions nulles avec un scénario qui n'avance pas, des bugs encore plus relous, des trains à escorter et des gatlings surexploités, des personnages mouif (à une ou deux exceptions près), un accent mexicain aussi crédible que le mien quand je parle russe et un héros girouette insupportable qui veut certes sauver sa famille, mais me fait penser à Hope de FF XIII avec son côté "je suis énervé mais en fait je me couche comme une fiotte", sans parler de sa quête de rédemption qui s'accommode très bien du massacre de la moitié de la population du pays.
Le derniers tiers du jeu reprend plutôt bien les choses en main, notamment en termes de rythme et de narration, mais on se retape des missions déjà faites dix fois, des tonnes de gus à buter de sang froid et finalement, on est plus pressé d'arriver au bout que de découvrir le fin mot d'une histoire téléphonée, dont les derniers moments sont pourtant riches en émotions. Les thèmes abordés sont globalement intéressants, mais traités de manière assez superficielle et balancés un peu gratuitement tout au long du jeu, parfois avec d'énormes sabots. Les incohérences sont nombreuses, aussi bien sur le plan des évènements que du gameplay, beaucoup d'éléments sont là pour faire du remplissage sans grand intérêt (la jauge de réputation/honneur, la chasse, la cueillette, l'argent dans une moindre mesure) et Marston n'est sauvé de son enlisement moral que par une pirouette finale diablement bien montée mais pas aussi marquante que je l'espérais.
Les vrais héros de Red Dead Redemption, ce sont en fait les paysages, la faune et la météo dynamique. Le jeu est véritablement magnifique (à condition de pousser un peu la luminosité, sinon on ne voit rien la nuit), les animations particulièrement travaillées (sauf la course de John, ridicule), on prend énormément de plaisir à se balader dans des coins pourtant vides rien que pour le spectacle. La mise en scène et le montage des cutscenes sont dans l'ensemble de grande qualité, les doubleurs font de l'excellent boulot (sauf pour les mexicains, donc) et la bande-son défonce, en particulier les deux thèmes chantés totalement mélancoliques. Et puis on peut ligoter n'importe qui pour le mettre sur son épaule ou son cheval, balancer des couteaux pour sniper des gardes, porter un super poncho, lire des articles insolites dans les journaux, chasser le grizzli...
Malgré tous ses défauts particulièrement énervants, Red Dead Redemption reste quand même un bon jeu, un sacré voyage et - je l'espère - un brouillon pour un nouvel épisode mieux construit, plus audacieux et moins frustrant, compte tenu du postulat de départ qui avait tout pour devenir un titre de légende. Allez Rockstar, je sais qu'un jour, je vous aimerais comme un fou si vous faites des efforts pour ne pas trop vous éparpiller et ne pas lessiver vos équipes de développement.
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