The Shield
2.9
The Shield

Jeu de Point of View et Empire Interactive (2007PlayStation 2)

Message à l'intention des fans curieux

Le simple fait d'avoir joué à The Shield montre à quel point la série éponyme est efficace.
Déjà, pour n'avoir ne serait-ce que l'envie d'y jouer, il faut vraiment que tu sois fan des aventures de Vic Mackey, car rien qu'à la jaquette toi même tu sais que ça va être naze. Mais alors, si tu finis par dépenser de l'argent pour réellement y jouer, c'est vraiment que la série te plait.
Et c'est mon cas.... N'est-ce pas là la plus belle déclaration d'amour que je pouvais lui faire ?


Alors j'adresse cette critique aux autres fans. Peut-être pour inviter les plus aventureux à me rejoindre dans la découverte de ce jeu vidéo, ou pour détailler aux moins courageux de quoi il en retourne !
Après tout, un jeu The Shield, ça intrigue, ça étonne. C'est à peine si on sait que cela existe, et même si on le sait on n'y croit pas vraiment avant de vraiment tenir la boite entre ses mains. Et là, ça sent déjà le cauchemar, ça sent déjà l'hérésie, mais c'est tentant... un bon nanar vidéoludique adapté d'une des séries les plus cools qui soit. Ca c'est un pari qui fait envie !
Ou pas ? Bon.


Au fond, on a envie d'y croire, un peu. C'est vrai quoi ! Adapté correctement, The Shield aurait un potentiel fantastique... Une plongée dans les eaux sombres de Los Angeles, aux commandes de flics teigneux et violents, une réputation à garder tant du côté de la police que du côté des gangs, des enquêtes palpitantes, des interrogatoires intelligents...
Mais rien ne sert de rêver, ce n'est pas ce jeu là qui nous offrira cette pépite. Il en signe peut-être les prémices, mais il s'en arrête bien loin. Dès qu'on lance le jeu et que nous accueille une musique de générique mal compressée, on sent l'odeur de l'infamie.


Concrètement, The Shield nous place dans la peau de Vic Mackey, au sein de nombreuses missions qui nous opposeront aux divers gangs que l'on croise dans la série, à la recherche d'un trafic de M5. Le tout se déroule entre la troisième et la quatrième saison, à un moment plutôt charnière dans l'histoire de la série car le commissariat va commencer à y subir ses plus grandes modifications. C'est plutôt intéressant d'avoir choisi ce moment là pour poser l'histoire du jeu, car c'est peut-être l’ellipse la plus grande entre deux saisons, et découvrir ce qui s'y est passé, notamment en termes de relations entre les personnages, est un parti pris intéressant.
Et il s'avère d'ailleurs que c'est bel et bien l'histoire qui nous intéressera le plus dans ce jeu ! Oh non, pas quelle soit spécialement intelligente... Malheureusement, les auteurs ne se sont pas trop mouillés puisque l'histoire sera centrée sur le démantèlement du trafic et ne fera que le strict minimum concernant l'évolution des personnages. Finalement, si c'est plaisant de suivre une histoire inédite, quand viendront les crédits de fin on aura ce sentiment légitime qu'en fait on nous a bullshité à mort et qu'on ne nous a strictement rien raconté. Et c'est vrai. Il n'y a aucune consistance.


Et pourtant c'est bien le seul point fort de ce jeu (c'est dire la qualité du reste). Non pas dans le scénario en lui-même, mais plutôt dans le plaisir de se replonger dans l'univers The Shield. Si les modélisations des personnages ne sont pas toutes réussies, on reconnait les différents personnages, quasiment tous doublés par les acteurs originaux (à l'exception de CCH Pounder qui sera remplacée par une autre voix ne collant absolument pas). Pouvoir se balader librement dans le commissariat, The Barn, c'est quand même un sacré kiff de fan. Mais surtout, ce qui est plutôt chouette, c'est que même si on ne nous raconte rien de très intéressant, l'écriture n'est pas foncièrement mauvaise. Les personnalités des personnages sont respectées et les échanges entre eux collent parfaitement, on pourrait très facilement les croire issus de la série. Et ça, c'est plutôt cool. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est de voir que pendant les cinématiques, ils essaient de filmer comme dans la série, et c'est complètement raté. Mais bon. Ils auront au moins essayé.


Dans le jeu à proprement parler, on sera opposé aux gangs. Et la principale bonne idée de game design est d'avoir introduit une barre de "pression" (de "heat"), qui correspond à une limite de bavure à ne pas dépasser. Vic peut être violent, mais pas trop, car sinon les chefs vont lui tomber dessus.
L'idée n'est pas trop mal. Déjà en termes de game design, je la trouve intéressante car c'est quelque chose qu'on n'a pas l'habitude de voir, ou alors très peu, mais aussi en termes d'adaptation car ça colle finalement bien à l'esprit de la série.
Le problème... c'est que c'est complètement raté. On se retrouve dans des scènes de shoot où on n'a pas le droit de tuer les ennemis. Rendez-vous un peu compte de cette absurdité ! Il ne faut donc tuer personne, ou alors pas trop, un ou deux passent encore, sinon on échoue à notre mission. Pour ne pas les tuer, il va falloir préférer les castagner jusqu'à les arrêter. Ca, c'est plutôt normal... Mais il n'est pas toujours possible de les tabasser, car ils sont trop loin et nous tirent dessus. Dans ces cas là, il faudra leur tirer dessus jusqu'à ce qu'ils se rendent...
Oui oui.
Comment ça se déroule ? Et bien... On leur tire dessus. Soudain, ils lâchent leurs armes, lèvent les bras, et attendent. Ils attendent. Une minute, deux minutes, cinq minutes, quinze, trente, cinquante-cinq, trois heures, trois jours, trois ans peut-être, merde ! Ils attendront les bras levés jusqu'à ce qu'on vienne les arrêter. Et pendant ce temps les autres membres des gangs continueront à nous tirer dessus.
Le summum de l'absurdité. Comment croire à un truc aussi bête ? Sans parler du fait que ce n'est franchement pas pratique, parfois on les tue quand même en voulant qu'ils se rendent. Bienvenue à facepalm-land.


L'idée sympathique de la gestion de la "pression", c'est le fait de pouvoir choisir de ce que l'on va faire des preuves gagnées sur le terrain.
Durant les missions, une feature largement mise en avant est celle d'un système de fouille. Et c'est le pire système que j'ai vu jusqu'à aujourd'hui. Quand on interagît avec une zone de recherche, une insigne de police va apparaître à l'écran, et alors il va falloir déplacer un curseur pour trouver à quel endroit de l'insigne se trouve ce que l'on cherche. Plus le curseur est large, plus on s'éloigne, et plus il est petit plus on se rapproche. Il s'agit simplement de déplacer son curseur dans la bonne direction le plus vite possible.
Déjà, en soi, ce système n'est pas intéressant. Mais en plus, on n'a que trois ou quatre secondes pour effectuer la fouille, puis on échoue. Dans ce cas, si on part dans la mauvaise direction dès le départ, on a quasiment échoué d'emblée. Ce qui est profondément débile. Bref.
Une fois nos preuves récupérées tant bien que mal, ça nous fait une petite collecte à la fin de la mission. De retour au commissariat, on peut alors choisir de garder l'argent de la drogue pour nous et la rajouter à notre pactole perso, ou de le remettre aux pièces à conviction et ainsi faire baisser notre jauge de "pression".
J'aime bien ce système car il respecte la série (bien que nos héros ne soient pas autant des batards, quand même, mais bon). Le problème... c'est que ce système n'a aucune place dans le game design. Agrandir notre pactole personnel n'apporte rien au joueur, et celui-ci va donc naturellement se diriger vers les pièces à convictions pour faire baisser sa pression... Il faut donc jouer le jeu pour jouer le jeu, ce qui n'a aucun sens dans la conception d'un jeu vidéo. Avoir de l'argent ne nous sert à rien, on s'en branle, et pourtant nous en gagnons... juste pour la plaisir.


Et évidemment, dans tout ça, le gameplay est catastrophique. La visée est une aberration, Vic a la lourdeur d'un pachyderme, les combats à mains nues sont dramatiques et peu contrôlables. Le pire, peut-être, c'est qu'on meurt en seulement quelques balles. Le comble du comble, le jeu finit même par devenir répétitif alors qu'il ne dure que cinq à six heures de jeux. Les zones à explorer sont toutes infiniment vides, le jeu est vraiment moche pour du 2007, et il n'y a aucun effort artistique dans les décors. Oxymore : l'absence de vie est trop présente.


Mais des idées sympathiques ont percées dans tout ça ! La possibilité d'attraper les ennemis et d'interagir avec le décors, pour les exploser contre des armoires, par exemple.... Non ce n'est pas grand chose, mais on se rattrape sur ce qu'on a.
On peut associer cela aux quelques séquences d'interrogatoires, où Vic devra mettre à mal un ennemi jusqu'à ce qu'il parle. Des séquences à priori badass qui ne se résumeront qu'à un enchaînement de QTE sans âme... En soi, ça ne me dérange pas. Ce qui me fait plutôt rire, c'est de constater qu'ils ont repris ce que Vic fait à un seul moment de la série (dans un instant de grand débordement abusif), c'est-à-dire faire parler un de ses adversaires en lui plaquant la joue sur une plaque de cuisson (c'est légèrement douloureux, oui). Dans la série, Vic le fait une fois et s'en mord très vite les doigts. Dans le jeu, Vic le fait à toutes les sauces, oklm, c'est son premier choix, il enchaine les plaques de cuissons à la volée, dans un rien-à-foutre général... même la victime semble trouver ça normal.
Ah... Au fond je les comprends les développeurs. C'était plutôt tentant d'introduire ça dans le jeu ! Mais même si c'est amusant et que ça fait rire les fans, je trouve que ça témoigne quand même d'une compréhension un peu bête du ton de la série. Ou une volonté de faire du too much. A l'image de tous ces écrans de télévision qui ne diffusent que du porn lesbien.... (véridique).


Très légitimement, vous vous demandez pourquoi est-ce que j'ai mis autant à ce jeu. Assurément, il vaut bien moins que la note que je lui ai attribué, si l'on se base sur des critères purement objectifs. Ce jeu, s'il n'était qu'un jeu d'action et qu'il n'était associé à aucune série TV à succès, n'aurait rien valu du tout. Mais le fait qu'il soit "The Shield" lui attire forcément ma sympathie...
... Pourtant, je pourrais le descendre en flèche, clamant à raison qu'il viole une superbe série, qu'il gâche énormément de potentiel, que c'est une honte. J'aurais raison de le faire.
Mais non. Soyons honnête, j'ai apprécié le parcourir parce que je l'ai pris pour ce qu'il est, et ce que je savais qu'il était en l'achetant : un nanar vidéoludique dans un univers que j'aime bien, et que j'aime retrouver. Faire le jeu en compagnie de mon frère m'a particulièrement amusé, à se moquer de lui comme d'un bon navet, mais aussi en appréciant découvrir cette nouvelle aventure et se promener dans l'univers. C'est le petit jeu que tu sais mauvais mais que tu n'arrives pas à trouver antipathique.

GagReathle
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2015 : Une année vidéoludique ? Mes pouces donnent leur avis.

Créée

le 6 mars 2015

Critique lue 814 fois

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