Avec une minutie et une audace notables, les œuvres de Vanillaware se reconnaissent désormais entre mille. Nul surprise à ce que leurs projets soient désormais attendus au tournant par les fans. Générosité graphique, animation riche et écriture de qualité ne sont qu'une partie de ce qui caractérisent les projets du studio japonais. Unicorn Overlord est une sorte de consécration et on a vraiment hâte de voir ce que le studio nous proposera ensuite... mais il atteint déjà ici une certaine idée de la perfection tout en s'aventurant pourtant sur un nouveau terrain.
Loin d'être révolutionnaire, le titre nous propose, une fois encore, une lutte moyenâgeuse entre le bien et le mal ; ce qui pourrait être seul principal (et seul) défaut du jeu. Alain, un prince devenu orphelin dont la plus grande richesse réside en une bague ornée d'un motif de licorne, se retrouve politiquement affaibli dix ans après un drame où l'empire Zénoïrien à pris le contrôle des terres et des esprits. Accompagné de quelques compagnons fidèles, il crée l'Armée libératrice et part en quête pour l'agrandir et reprendre l'ascendant sur ses ennemis. Rapidement, le souverain découvre un pouvoir lié à sa bague lui permettant de faire revenir à eux certains ennemis qui deviendront bien heureusement des alliés pour la suite. Ou pas, d'ailleurs, car le scénario offre quelques options de choix (aucun vrais dilemmes cela dit) permettant d'être un futur roi magnanime ou faisant preuve d'une extrême intransigeance. Dans le fond, j'y vois surtout la possibilité d'avoir ou non accès à certaines recrues, j'ai donc opté presque à tous les coups au pardon d'un prince bienveillant et miséricordieux.
S'inscrivant dans un genre dit "tactical", ce jeu de rôle japonais déstabilise surtout par des combats automatiques dans lesquels le joueur va pouvoir préalablement choisir quels personnages, parmi un palanquée d'individus très variés, composeront des unités allant de deux à cinq combattants. Le jeu propose un très grande palette de classes avec de nombreuses variantes et combinaisons. Tout le jeu passera donc par ces combats qu'il sera même possible de passer d'un simple bouton puisque toutes les rencontres possibles donnent d'emblée l'issue via un affichage particulièrement ergonomique et clair (ce qui très pratique quand on ne retient pas toute la richesse de telle classe ayant naturellement l'ascendant sur telle autre, le tout étant particulièrement bien pensé et logique). Ainsi, la crainte est la suivante : perd-on de ce fait tout intérêt à combattre dans Unicorn Overlord ? Pas du tout et c'est là tout la maîtrise de Vanillaware sur ce terrain où le studio s'essaie.
La majorité des combats sont plus ou moins scénarisés et demandent de faire intervenir telle ou telle unité à différents endroits du champ de bataille, de prendre le contrôle d'une catapulte, de poser des pièges et d'utiliser des points d'endurance fournis par quelques hauts faits réalisés pendant la bataille pour utiliser des compétences très utiles (tir massif de flèches, sorts magiques diverses de feu, d'électricité, un autre permettant de ralentir les unités adverses,...)... Bref, même si nous n'avons pas du tout la main sur les combats en tant que tels, tout ce qui les entoure est tellement varié et riche que ce n'est pas du tout gênant ni frustrant.
Techniquement, on retrouve la maîtrise du studio avec des personnages parfaitement animés, une musique variée, un doublage excellent (à mettre en japonais pour plus d'authenticité) et une riche palette de couleurs et d'environnements. Unicorn Overlord sent l'amour du jeu bien fait auquel vient s'ajouter une multitude de bonnes idées comme un système d'affinités (on peut payer des repas aux personnages ou leur offrir des cadeaux ce qui crée de petites scénettes toujours sympathiques et un impact et une synergie lors des combats), la possibilité à un moment de pouvoir chevaucher et d'aller plus vite, des recrutements de nouveaux personnages, une soixantaine au total, permettant ainsi d'avoir au moins un exemplaire de chaque classe proposée dans le jeu, la possibilité de faire évoluer ces derniers en leur offrant une promotion, donnant un nouvel élan à leur classe et j'oublie sûrement encore des choses.
Bref, malgré une scénario quelque peu cousu de fil blanc, Unicorn Overlord est vraiment un jeu plaisant et abordable... ce qui n'est pas toujours le cas avec le jeu de rôle tactique japonais. Il ne dure pas des plombes - une trentaine d'heures - et conserve un rythme soutenu ; encore une fois, il tire son épingle du jeu quand tant de JRPG proposent une narration en dents de scie. Bref, un coup de cœur ! Merci et bravo Vanillaware et vivement la suite !!